Globe Aroma: l’art sans frontières

© Globe Aroma

Globe Aroma, une association artistique bruxelloise destinée aux primo-arrivants, a ouvert ses portes au public à l’occasion de son festival Eté du globe 2022. 

Habituellement fermé au public, Globe Aroma, situé au coeur du quartier Sainte-Catherine, a ouvert son antre pour la troisième édition de son festival annuel, du 29 juin au 10 juillet.

La bâtisse de la rue de la Braie accueille chaque jour artistes professionnels et amateurs. Amina, faisant partie des coordinateurs du lieu, nous fait la visite: « Globe Aroma est un lieu artistique destiné aux primo-arrivants. On leur offre un atelier pour leur permettre de travailler et développer une pratique. Ça peut aussi être des créatifs, des personnes qui ne se revendiquent pas « artistes » mais qui ont envie de créer et de tenter des expériences. C’est un lieu de travail et de rencontre où des personnes issues du milieu artistique se retrouvent. » 

Ce festival lancé en 2020 est un moyen de présenter au public les réalisations des artistes, clarifie Amina: « On organise une fois par an un festival pour connecter avec le monde extérieur et montrer ce qui se passe à Globe Aroma. Nous sommes un lieu de travail, nous n’avons pas les moyens d’exposer tout au long de l’année le travail des artistes. » 

Réparti sur plusieurs étages, le lieu met à la disposition de créateurs différentes pièces adaptées à leurs besoins. Au rez-de-chaussée, un large espace ouvert accueille toutes les disciplines. A l’étage se déploient un local de répétition destiné à la danse, à la musique et au théâtre, et un grand atelier pour les arts manuels.

Lors de notre immersion dans les lieux, nous rencontrons des membres d’Espace femmes. Ce collectif réunissant femmes et personnes non-binaires participe ici à des ateliers hebdomadaires, chaque jeudi. L’année dernière,  une fresque placée à l’entrée du lieu, illustrant les modèles féminins des participant.e.s, a vu le jour. Cette année, c’est un workshop de couture qui est élaboré et présenté lors de l’évènement estival. Sur base de leur vécu et de leurs souvenirs, ces femmes cousent leur histoire sur des tissus où apparaissent photos d’enfance et souvenirs.

Espace femmes © Su-Ran Khetta

Vingt femmes œuvrent ensemble dans cet atelier. Eli, la coordinatrice, est formelle: « Ici, il n’y a ni leader, ni hiérarchie dans le groupe. Ce workshop mode fonctionne de façon collaborative et chaque participante y contribue à sa manière. ». Shorena, nouvelle arrivante, a quitté la Russie il y a trois mois et vit dans un asile pour réfugiés à Bruxelles. Dans sa famille, la culture des arts visuels et arts appliqués est très répandue. Sa grand-mère tricotait et sa mère est couturière professionnelle, elle a donc appris cette technique très tôt. On lui demande si la barrière de la langue n’est pas un obstacle: « L’art est une façon de se connecter, de communiquer avec des femmes qui ne parlent pas ma langue. L’art est notre façon de parler», nous répond-elle. Face à ces mots, les autres membres sourient. Ifrah, Somalienne présente en Belgique depuis dix ans, complète: « Même si tu ne parles pas, tu comprends tout. » 

De la peinture à la danse en passant par les techniques digitales avec la création d’un medialab, la maison des arts se positionne en tant que « lieu pluridisciplinaire »: « On accueille toutes les disciplines et on ne demande pas aux artistes leur niveau, leurs compétences mais plutôt ce dont ils ont besoin, comment les aider, comment les accompagner, nous explique Amina. Nous mettons aussi en place des projets de co-création qui permettent à des personnes d’univers différents de se rassembler. »

A côté du matériel fourni aux accueillis, l’ASBL développe également des projets de co-création. Ces travaux collectifs déployés sur une année de recherche et d’ébauches permettent à des personnes d’horizons divers de se réunir dans un but commun: la création. Lors de notre venue, nous assistons à un atelier autour de l’oud, instrument arabe ancestral, animé par le musicien Haydar Nagm Abbood, à l’occasion du festival.

Globe Aroma accroît aussi un éveil culturel: « Nous avons un troisième projet que je coordonne qui s’appelle « Art for all » (l’Art pour tous) destiné à faire découvrir aux primo-arrivants la culture à Bruxelles. Chaque mois, un groupe de dix personnes venant de centres d’asile se réunit pour assister à des événements culturels. Par exemple, au mois de juin, nous avons vu un spectacle de danse dans un centre d’asile, une performance au Kaaitheater, une exposition aux Musées royaux des Beaux-Arts. On essaye d’avoir un programme assez large en participant à quatre ou cinq activités par mois. »

Dans un environnement inclusif où la bienveillance est le maître mot et où l’art devient synonyme de rencontre.

Su-Ran Khetta

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