Furieuse

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Il était une fois une princesse qui ne voulait pas devenir princesse, et encore moins l’épouse du visqueux baron de Cumbre. Elle a été promise à ce dernier, pour d’obscures raisons, par son roi de père, Arthur, devenu héros de la Nation il y a 30 ans en repoussant les démons surgi d’“un portail maléfique apparu au-dessus du royaume de Pendragon”, par la grâce d’une épée magique -ou maléfique?- que lui offrit Merlin. Mais ça, c’était avant qu’Arthur ne devienne une ruine, à l’image de son royaume… Ysabelle la princesse va donc se lier à l’épée pour fuir sa condition et retrouver sa grande sœur qui a fui avant elle, dans un étrange ballet de sororité plein de rebondissements et de chausse-trapes haletants. Car avant d’être un vrai travail presque politique de déconstruction des contes et des genres, cet enthousiasmant Furieuse est surtout une pure fiction d’aventures et de fantasy comme on n’en lit plus assez, mêlant superbement tragédie et humour sur le trait expressif et vivant du Bruxellois Mathieu Burniat, qui fait décidément mouche à chaque œuvre, jamais gratuite. Après Sous terre, qui mettait en “vraie” fiction les théories écologistes du biologiste Marc-André Selosse, son association avec le Français Geoffroy Monde est cette fois l’écho du besoin ressenti par toute une nouvelle génération de questionner les genres et les récits qui, depuis des siècles, véhiculent les mêmes schémas de patriarcat et de domination masculine. Furieuse est une magnifique première réponse, jamais théorique, culpabilisante ou chiante. Juste un vrai kif de lecture qui, l’air de rien, change la donne. Brillant.

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De Geoffroy Monde et Mathieu Burniat, éditions Dargaud, 240 pages.

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