Fred Astaire, la haute société du spectacle

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De Fred Astaire, la mémoire cinéphile a retenu l’élégance aérienne lui ayant valu de briller au firmament de la comédie musicale classique, de Top Hat à Tous en scène. Un parcours stellaire que Timothée Gérardin, à qui l’on devait déjà un essai sur Christopher Nolan, envisage sous un prisme singulier, proposant dans La haute société du spectacle, “un voyage à la découverte des inventions d’un illusionniste facétieux”, à la fois le produit d’une industrie et un artiste ayant repris le contrôle de ce matériau pour le sublimer, dont il relève combien “il a participé à la machine à rêves tout en en trahissant les mécanismes” et autres non-dits avec une rare lucidité. Démonstration dans un ouvrage foisonnant où, balayant un spectre qui court des années 30 aux années 50, de La Joyeuse Divorcée à La Belle de Moscou, de Ginger Rogers à Cyd Charisse, l’auteur décrypte la carrière du danseur, acteur et chorégraphe dans un tourbillon où la peur de l’obsolescence côtoie “le militantisme de la légèreté”; la valse des objets a pour pendant “des rapports souvent asymétriques entre les hommes et les femmes”; le rêve, auquel Astaire pourvoit généreusement, la réalité qui le sous-tend. Une démarche réflexive s’autorisant de belles envolées -“Les chorégraphies de Fred Astaire sont pleines de techniques de prestidigitateur visant à gommer la frontière entre la danse et la vie: la première doit absolument ressembler à une expression naturelle de la seconde, en faisant disparaître l’effort dans un chapeau haut de forme.Et que complètent génialement des codes QR renvoyant aux numéros de danse de Fred Astaire cités dans le livre, histoire d’étayer le propos et de témoigner, si besoin en était, de son génie défiant les lois de la gravité.

De Timothée Gérardin, éditions Playlist Society, 128 pages.

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