François Schuiten crée le Paris du XXIIe siècle

Kârinh, l'héroïne de Revoir Paris, a les traits de l'actrice franco-vietnamienne Linh-Dan Pham. © François Schuiten
Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif/L'Express

Hommage appuyé aux utopistes et visionnaires de la fin du XIXe siècle, Revoir Paris, la nouvelle BD de François Schuiten et Benoît Peeters, explore un futur ancré dans le réel. Plongée, en exclusivité, au coeur de la Ville Lumière du siècle prochain.

Surprendre leurs lecteurs, voire les désorienter, est le péché mignon du duo François Schuiten-Benoît Peeters. Novembre 2014 marque une rupture supplémentaire: Revoir Paris, le nouvel opus du dessinateur bruxellois et du scénariste parisien, ne fait pas partie du cycle des Cités obscures. Leur bande dessinée, dont Le Vif/L’Express de cette semaine publie en primeur plusieurs extraits et planches, relève de la science-fiction, plus exactement du récit d’anticipation. « Nous cacher derrière l’univers des Cités obscures nous aurait fait retomber dans nos vieux réflexes et, surtout, nous aurait privé d’un regard différent sur la ville », justifie Schuiten.

François Schuiten crée le Paris du XXIIe siècle

Des premières esquisses au bouclage du nouvel album, deux ans et quatre mois se sont écoulés. Schuiten confie avoir consacré tout l’été dernier, à raison de dix heures par jour, à la finalisation du premier tome de Revoir Paris, qui devait être impérativement achevé avant l’ouverture de l’exposition parisienne éponyme, fixée au 20 novembre. « L’existence d’un second tome, dont je n’ai pas encore dessiné une seule page, nous permettra d’aller plus loin, de développer notre vision de Paris au XXIIe siècle. Nous avons déjà une idée très précise de la fin du récit, mais il n’est pas exclu que cet épilogue puisse évoluer. » Un regret: l’histoire a peu avancé au terme du premier tome, qui laisse le lecteur aux portes de Paris.

Le Paris du siècle prochain décrit par Schuiten est une « ville-monde » qui s’étend jusqu’au port du Havre. Des thèmes qui sont chers à l’auteur se retrouvent dans le récit: décadence de la société industrielle, dérèglement climatique, concentration des fleurons du patrimoine architectural à des fins touristiques… « Le pire de l’utopie, c’est quand elle se veut angélique, estime l’auteur. Pour être puissante, l’histoire doit être pleine de contrastes. Elle doit comporter des aspects séduisants et très noirs. » Le Paris de 2156 est un futur ancré dans le réel, mais aussi un hommage aux utopistes et visionnaires de la fin du XIXe siècle, en particulier Albert Robida. Ses machines volantes fascinent Schuiten de longue date et figurent, en songe, dans les première pages de Revoir Paris.

  • Revoir Paris, par François Schuiten et Benoît Peeters, éditions Casterman, 64p. Sortie le 3 novembre.
  • Revoir Paris. L’exposition. Du 20 novembre au 9 mars 2015, Cité de l’architecture & du patrimoine, 1, place du Trocadéro, Paris XVIe.. Ouvert tous les jours, sauf le mardi, de 11 à 19 heures (le jeudi jusqu’à 21 heures).

Les planches en primeur dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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