Festival de la BD d’Angoulême : Grand Prix à Katsuhiro Otomo

Katsuhiro Otomo © Belga
FocusVif.be Rédaction en ligne

Le Festival international annuel de la bande dessinée d’Angoulême a décerné un prix spécial jeudi au journal satirique français Charlie Hebdo dont la rédaction a été décimée par un attentat, et attribué son Grand Prix à l’auteur de mangas japonais Katsuhiro Otomo.

L’attribution d’un Grand Prix spécial aux dessinateurs de Charlie Hebdo tués le 7 janvier: Cabu, Wolinski, Charb, Tignous et Honoré, est l’un des nombreux hommages rendus à l’hebdomadaire par ce rendez-vous annuel de la BD mondiale qui s’est ouvert jeudi dans le sud-ouest de la France.

La 42e édition du festival a également attribué pour la première fois son Grand Prix à un dessinateur de mangas, Katsuhiro Otomo, 60 ans, l’un des plus grands mangakas (auteurs de mangas) japonais. Il est mondialement connu grâce au succès de la série culte Akira en manga et en dessin animé. Son Grand Prix marque une reconnaissance de la place prise par les mangas dans le monde francophone, où ces petits fascicules en noir et blanc, qui se lisent de droite à gauche, constituent un quart des albums de BD vendus en France.

Le festival, qui intervient trois semaines après l’attentat contre Charlie Hebdo, se tient sous haute surveillance policière et les milliers de visiteurs qui se pressaient dès jeudi matin devant les chapiteaux ont été confrontés à de longues files d’attente du fait des mesures de sécurité exceptionnelles. Notamment autour de celui qui accueille la dessinatrice Catherine Meurisse, collaboratrice de Charlie Hebdo et rescapée de l’attentat. Comme chaque année, Angoulême, qui a accueilli en 2014 plus de 200.000 visiteurs, organise des expositions, des rencontres avec des dessinateurs du monde entier, des animations, et la ville se transforme en une immense librairie de la BD mondiale.

Parallèlement, plusieurs événements rendent hommage aux victimes, dont certains, comme Wolinski qui ne manquait pas une édition du festival d’Angoulême, étaient les pères spirituels de toute une génération de dessinateurs. Loin du solennel, le Festival veut aussi rester dans l’esprit de Charlie Hebdo, qui depuis sa création en 1970 se moque des puissants et des religions. Ce week-end, un nouveau « Prix Charlie de la liberté d’expression » sera décerné pour sa première édition aux dessinateurs disparus. Il couronnera dans l’avenir les auteurs qui se battent pour la liberté d’expression.

Une grande exposition est aussi consacrée au journal satirique, de sa genèse jusqu’au numéro « des survivants » paru une semaine après l’attentat et qui s’est arraché dans les kiosques, poussant le distributeur à le tirer jusqu’à 7 millions d’exemplaires, un record. « L’humour en choquant fait passer des messages », relève Anne, venue visiter l’exposition avec ses enfants de 6 et 10 ans. « Le rire est universel, c’est pour cela qu’il est important d’en parler aux enfants ». La mairie d’Angoulême a été décorée d’une grande banderole en mémoire de Charlie Hebdo et une quarantaine de ses unes, représentatives de la verdeur et de l’irrespect qui sont la marque de « l’esprit Charlie », sont placardées dans les rues. Une paire de fesses géantes signées Reiser côtoie ainsi des ex-présidents de la Républiques caricaturés en pénis sur des panneaux électoraux.

Un album virtuel « jesuischarlie@bdangouleme.com », avec plus de mille contributions de dessinateurs français et étrangers, a été réalisé à l’initiative du Festival. Un autre album multi-éditeurs de 173 auteurs et intitulé « la BD est Charlie », paraîtra le 5 février. Dimanche, dernière journée du festival, seront désignés les neuf « Fauves d’Angoulême », les lauréats du festival : 62 albums sont en compétition, dont 35 dans la Sélection officielle.

L’Asie, en particulier la Chine, est elle aussi fêtée à Angoulême, avec une délégation de dessinateurs de « manhua », l’équivalent chinois du manga. Les comics américains, en plein essor en France, sont aussi largement présents. Plusieurs auteurs font l’objet d’une exposition : l’Américain Bill Watterson, père de « Calvin et Hobbes » et Grand Prix 2014, son compatriote Jack Kirby, créateur de « Captain America », « Hulk » ou « X-Men », ainsi que le scénariste français Fabien Nury, auteur de séries comme « Il était une fois en France », « Tyler Cross », « W.E.S.T »…

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