LE CAERMERSKLOOSTER DE GAND ACCUEILLE UNE EXPOSITION CONSACRÉE AU MAESTRO AVEC LA DOLCE VITA POUR FIL ROUGE. VISITE GUIDÉE EN TROIS TEMPS FORTS.

Si le visiteur y est accueilli par la bande-annonce de La Cité des femmes, c’est bien La Dolce Vita qui tient lieu de fil rouge à l’exposition Federico Fellini que l’on peut découvrir, en marge du festival du film, jusqu’au 25 janvier prochain au Caermersklooster de Gand. Richement documenté mais fort austère, eu égard à l’exubérance de l’imaginaire du cinéaste, le parcours ne se veut ni chronologique, ni filmographique, mais bien thématique, et s’articule suivant quatre axes: les relations du Maestro avec la culture populaire (caricatures, parades, rock, presse people…); Fellini au travail (de sa collaboration avec Nino Rota à sa manière particulière de diriger les acteurs); ses obsessions (féminines en particulier); et, enfin, l’invention autobiographique, culminant dans Le Livre des rêves. Soit, soutenues par force photos et extraits, quelque 35 histoires racontant le cinéaste de Otto e Mezzo. Echantillon en compagnie de Sam Stourdzé, commissaire de l’exposition.

L’arrivée du Christ à Rome

Inoubliable, la scène d’ouverture de La Dolce Vita voit une statue du Christ arriver par hélicoptère à Rome. Jugée blasphématoire, la séquence a valu au film d’être interdit en Espagne et au Portugal. Elle témoigne pourtant du fait que, s’il est un cinéaste de l’imaginaire, Fellini se réappropriait aussi la réalité. Ainsi, des images d’actualité sont là pour montrer qu’une statue semblable avait été héliportée de Milan à Rome en 1956, chose qui n’avait pas dû échapper au réalisateur. Plus étonnant encore: La Domenica del Corriere juxtaposait, le 14 septembre 1958, en première et en quatrième de couverture, les illustrations d’un hélicoptère et d’un Christ rédempteur. « Les images de Fellini ne sortent pas de nulle part, observe Sam Stourdzé. Son génie, c’est d’avoir su rendre compte de l’esprit d’une époque. »

Les paparazzi

L’invention du terme « Paparazzi » revient à Federico Fellini, du nom de Paparazzo, le photographe interprété par Walter Santesso dans La Dolce vita. « La presse people est née à Rome, explique Sam Stourdzé. Confrontés à une crise économique dans les années 50, les studios hollywoodiens se sont tournés vers Cinecitta, y trouvant des studios équipés, et une main-d’oeuvre moins chère. Surnommée Hollywood-sur-Tibre, Cinecitta ressemblait à Fort Knox. Mais le soir venu, toute la caravane du cinéma s’égayait en ville. Et l’essor des magazines illustrés a entraîné celle d’une nouvelle catégorie de photographes… » La Dolce Vita entérine une réalité dont le maestro avait été le témoin, allant jusqu’à demander aux photographes people de lui raconter leur vie pour préparer le film qui leur donnerait un nom…

Le baiser de la fontaine de Trévi

La scène mythique existait avant le film: en août 1958, un reportage du Tempo accompagnait Anita Ekberg le temps d’une déambulation romaine nocturne, balade que ponctuaient des clichés pris par Pierluigi dans la fontaine de Trévi. Peu après, le maestro en reprend l’idée, avec le bonheur que l’on sait. Si l’on évoque souvent le baiser qu’échangent l’actrice et Marcello Mastroianni, celui-ci n’est pourtant qu’illusion, l’acteur détournant la tête au dernier moment. Lorsque, plus de 20 ans plus tard, dans Intervista, le duo plonge dans ses souvenirs, Fellini arrête l’extrait juste avant: « La Dolce Vita, ce sont quatre tentatives d’un baiser qui n’arrive jamais, relève Stourdzé. Vingt ans après, Fellini repasse le même extrait en prenant acte de la mémoire collective, et en laissant l’illusion du baiser. »

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