Série emblématique des sixties, Chapeau melon et bottes de cuir affronte le temps sans rien perdre de son charme. Inoxydable et cultissime.

De toutes les séries télévisées, c’est assurément l’une des plus mythiques: diffusée sur ITV de 1961 à 1969, reprise sur d’innombrables chaînes par la suite, Chapeau melon et bottes de cuir – titre français tellement plus conforme à l’esprit du programme que The Avengers (Les Vengeurs) originaux – reste l’objet d’un culte fervent. L’emblème inoxydable des sixties à la mode british, à l’instar du James Bond façon Sean Connery, ou du Prisonnier qu’incarnait Patrick McGoohan. Constat que vient fort opportunément étayer la ressortie, en version remasterisée, de l’intégrale des saisons 2 à 7 de la série (la première ayant presque entièrement disparu).

Si l’univers des séries s’est, depuis, considérablement étoffé pour littéralement exploser de Six Feet Under en Sopranos, Chapeau melon demeure l’un des modèles incontestés d’un premier âge d’or. Soit une époque qui, courant de la fin des années 50 à la seconde moitié des années 60, vit nombre de franchises prendre date avec l’histoire, de The Untouchables (1959) à Mission: Impossible (1966); de The Twilight Zone (1959) à Wild Wild West (1965), pour n’en citer que quelques-unes.

A l’instar de celles-ci, The Avengers s’inscrit dans un premier temps dans un genre bien particulier, en l’occurrence une série d’espionnage inspirée par les récits d’un Ian Fleming notamment. John Steed (l’irremplaçable Patrick Macnee) n’est alors que le faire-valoir du docteur Keel, qu’interprète le populaire Ian Hendry. Insensiblement, la série s’affranchit d’un carcan trop convenu: Steed évince Keel, non sans adopter deux de ses plus fameux attributs, à savoir le chapeau melon et le parapluie. Plus fondamentalement, les producteurs lui accolent, dès la seconde saison, une partenaire féminine.

Honor Blackman est celle-là, qui prête ses traits à Cathy Gale, anthropologue et femme libérée (elle quitte d’ailleurs Steed pour Bond, devenant l’inoubliable Pussy Galore de Goldfinger). La légende est en route; elle prend définitivement forme en 1965, avec l’arrivée de Diana Rigg alias Emma Peel, personnage mythique amenant la série vers un âge d’or qui ne se démentira plus par la suite – pas même lors de sa défection et son remplacement, en 1968, par Linda Thorson (Tara King à l’écran), ultimes bottes de cuir de la première génération.

Humour, distinction, fantaisie, mélange de genres et dynamique imparable du couple Steed- Gale/Peel/King, engagé dans une relation toute platonique mais néanmoins lourde de sous-entendus: les ingrédients du mythe sont là. A quoi s’ajoute une façon de glisser sur l’air du temps britannique pour en tirer une substance… intemporelle: référencée, naturellement, mais plus encore intégrée à un univers fonctionnant suivant ses codes propres.

Quarante ans plus tard, le charme des Avengers continue d’ailleurs à opérer – indémodable quoique figé, en somme. Inimitable aussi, comme le démontra par l’absurde une initiative malheureuse qui les vit, comme beaucoup d’autres séries ( lire par ailleurs), tenter au crépuscule des années 90 l’aventure hasardeuse du grand écran. Il en fallait plus, toutefois, pour écorner le mythe…

Chapeau melon et bottes de cuir. Intégrale remasterisée en 6 volumes. Studio Canal.

Distribution: Universal.

TEXTE: JEAN-FRANçOIS PLUIJGERS

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