Dour J4: Damso en hauteur

Damso © Olivier Donnet
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Samedi soir, le numero uno du rap game belge a été impressionnant, maîtrisant parfaitement son sujet.

Plus d’un an après la sortie de Lithopédion, son 3e album, Damso est toujours là. Il a beau avoir annoncé « partir vivre un peu », délaissé (en partie) Instagram, et limité ses apparitions scéniques, le patron du rap game belge n’est, en fait, jamais resté très loin. Victoires de la musique en février dernier, concerts en Afrique, featurings marquants (pour n’en citer que deux, celui avec Orelsan, et plus récemment avec Nekfeu), relance par piques interposées (la brouille avec Booba): ou comment s’éloigner sans jamais vraiment quitter les devants de la scène…

En proposant son seul concert belge de l’année, Dour a d’ailleurs réussi un joli coup. Samedi soir, il suffisait de voir la vitesse à laquelle la plaine de la Last Arena s’est remplie quasi à ras bord pour s’en convaincre: Damso n’est peut-être pas « mainstream », mais il est toujours aussi populaire. Sans nouveau titre à dévoiler, mais avec une prochaine mixtape dont l’arrivée semble se préciser – dès le début du concert, les écrans annoncent QALF -, on se demandait toutefois comment le rappeur allait manoeuvrer.

Le démarrage ne fait pas dans la dentelle: Périscope, Bruxelles Vie et Noob Saibot pour rentrer directement dans le vif du sujet, sans round d’observation. On voit déjà Damso dérouler tranquillement, se contentant d’enchaîner les bangers bourre-pifs. Avec ses trois disques dans la poche, le rappeur a toutefois assez de matériel pour nuancer et varier le propos. Le déhanché de Signaler, le UK garage de Lové, ou encore le tour de force de Feu de bois, à chaque fois, c’est dans le mille. C’est le premier intérêt de la soirée: se rappeler à quel point le rappeur a mis au point un univers d’une richesse de tons, finalement assez unique sur la scène francophone – qui peut se permettre, par exemple, de réussir un tube avec un morceau aussi tordu que Mosaïque solitaire? L’autre est de constater à quel point Damso a pris de l’assurance sur scène. C’est la surprise du jour. Longtemps, il n’a été qu’un grand corps statique, comptant sur sa seule aura pour faire le spectacle. Désormais, quelque chose a changé. Non pas que l’intéressé se soit mis à faire des triple saltos ou a muté en ambianceur hors pair. Mais il semble aujourd’hui plus à l’aise, maîtrisant son sujet. Cela tient à peu de choses: une manière d’arpenter la scène, d’appuyer un mot par un posture particulière. Quand il balance par exemple l’inédit Peur d’être sobre, il se transforme en un torch singer bouleversant. Uniquement accompagné du fidèle Ritchie Santos, aux platines, il peut aussi compter sur un light-show aussi simple que tranchant, appuyant encore un peu plus son propos. De Baltringue à J Respect R, en terminant évidemment par Macarena, le concert défile sans temps mort.

Souvent, sur scène, la musique de Damso s’est montrée plus « forte » que lui. Cette fois, le rappeur a épaté, en incarnant comme rarement auparavant, ses histoires crues. Pas besoin de multiplier les invités, ou de garder le pied sur le champignon une heure durant. A l’instar de Skepta juste avant, Damso a réussi à tenir en haleine tout le long. Epatant.

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