Dour J1: Les noisy Colonie de vacances

La Colonie de Vacances: Papier Tigre, Pneu, Marvin et Electric Electric à Dour. © Olivier Bourgi
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Papier Tigre, Pneu, Marvin et Electric Electric étaient mercredi en Colo à Dour pour un sound system quadriphonique et bruitiste. Une expérience unique et renversante.

UPDATE: Depuis que La Colonie de Vacances nous a retourné la tête à Dour, on n’a cessé de se demander qui les programmerait à nouveau en salle. C’est l’Atelier 210 qui s’est mouillé le premier et accueillera les quatre groupes les 23 et 24 novembre prochain.

Infos et tickets: www.atelier210.be

En juillet 2010, le programmateur du Temps Machine, une salle de musiques actuelle en Indre-et-Loire, invite Papier Tigre, Pneu, Electric Electric et Marvin à réaliser pour le festival Rayons frais ce qui n’est encore qu’un fantasme supersonique. Les noise rockeurs français veulent tourner ensemble à la rentrée. Il leur propose un concert au pied du château de Tours. Plus précisément aux quatre coins de sa cour. L’événement devient d’autant plus singulier que les musiciens y joueront en simultané. À l’époque, les groupes bricolent en une heure une partie de ping pong sonore et un final communautaire sur un titre d’Electric Electric. Mais depuis, La Colonie de vacances a mûri. Elle a enregistré un split single, sorti un film de tournée en DVD… Greg Saunier, membre fondateur de Deerhoof, a même été momentanément son chef d’orchestre sur invitation du Confort Moderne.

La Colonie, c’est un sound system quadriphonique, un concert à onze musiciens, un projet lourd financièrement et techniquement. C’est aussi surtout une expérience. Musicale, physique, sociale. Il y a cinquante ans, la quadriphonie était une technique naissante d’ingénierie sonore. Destiné à intensifier le sentiment d’immersion de l’auditeur, défendu par Roger Water (Pink Floyd a été le premier à jouer en 1967 au Queen Elizabeth Hall avec un système quadriphonique maison) comme par Pete Townshend, le procédé consistait à jouer sur des sons et fréquences diffusés depuis quatre émetteurs disposés dans un cercle de 360 degrés. Avec la Colonie, il prend vie en chair et en os. Vous catapulte au beau milieu d’un tourbillon sonore, entouré par quatre concerts simultanés.

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Quatre groupes, quatre podiums. Il y a vingt ans, on serait sortis de là sans vraiment savoir qui était qui. Merci la 4G, bedankt Google Images… Dos à l’entrée du Dance Hall, il y a les Marvin. Fred, Greg et Emilie. Un trio guitare-batterie-clavier de Montpellier. Même formule face à eux. Un Eric, deux Vincent. Au fond du chapiteau s’énervent les Strasbourgeois d’Electric Electric. Ajoutez à l’est les trois Nantais de Papier Tigre, à l’ouest les deux furieux Tourangeaux de Pneu. Le son est kraut, bruitiste, enveloppant. La voix vient de gauche. La guitare de droite. Les batteries s’entremêlent. On a l’impression de se retrouver au Futuroscope de Poitiers au beau milieu d’une de ces salles de cinéma immersif. Le public, étonné, absorbé, a le remuant. Ne sait trop où tendre l’oreille et donner de la tête. L’expérience, il faut bien l’avouer, est complètement dingue. Tout le monde dans la foule suit un rythme et un instrument différent. Tape du pied ou hoche de la tête en cadence mais dans un mouvement d’ensemble désordonné. Pourtant, si personne ne voit ni n’entend le même concert, le dispositif crée du lien. Ici, on ne tourne pas le dos. Les visages se font face, les regards se croisent. La Colonie de vacances invite clairement les spectateurs à la rencontre. Les festivaliers se promènent. Ont le droit à un concert différent au pied de chaque podium. L’excitation et les pogos se déplacent en fonction des dynamiques.

« Le dispositif est très simple mais fonctionne à merveille, explique l’ingénieur du son Vincent Philippart (dEUS). Il y a quatre scènes, quatre sources sonores. La batterie est au centre du dispositif, diffusée dans toute la salle, et chaque instrument a son propre haut parleur devant lui. Tout ça crée au final une espèce d’effet surround. Beaucoup de groupes cherchent aujourd’hui à jouer au milieu du public. Même Muse s’y est essayé. Bien, ici, c’est le contraire. C’est le public qui est au milieu des concerts. Il est acteur du spectacle. Il choisit la couleur qu’il veut lui donner. De se planter devant Marvin s’il aime bien le clavier. » On croise par hasard un pote de sport fan d’électro dopé au MDMA. « C’est vraiment dingue mec. Jamais vu un truc pareil. » Nous non plus. Nous non plus…

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