Observateur avisé de la comédie humaine, Dino Risi prenait le parti d’en rire au gré de comédies imparables.

Il Vedovo. Avec Alberto Sordi, 1959. Twin Pics

Il Mattatore (L’homme aux cent visages). Avec Vittorio Gassman, 1960.

Tolgo il Disturbo (Valse d’amour). Avec Vittorio Gassman, 1990. Images & Visions.

Avec Dino Risi s’en allait, en juin dernier, l’un des maîtres incontestés de la comédie à l’italienne, auteur d’une soixantaine de films parmi lesquels de purs chefs-d’£uvre, comme Le fanfaron, Les Monstres ou Parfum de femme. Sans surpasser ceux-ci, les trois titres disponibles aujourd’hui en DVD n’en sont pas moins de savoureux (et indémodables) témoignages de l’art du cinéaste milanais.

Réalisé en 1959, Il Vedovo raconte l’histoire d’un industriel vantard et incapable ne devant qu’à la fortune de sa femme de garder la tête hors de l’eau. Celle-ci ayant décidé de lui couper les vivres, le flambeur serait bien mal embarqué si un accident ne le laissait veuf et héritier présumé… Alberto Sordi croque avec panache ce personnage hâbleur, mégalomane piteux bientôt rattrapé par ses combines, dans un film n’épargnant personne, et surtout pas la bourgeoisie italienne.

Dans l’entretien proposé en complément, le cinéaste revient sur le côté délicieusement cruel de son cinéma, avant de s’attarder sur son travail avec les comédiens, Sordi mais aussi l’immense Vittorio Gassman avec qui il tournera pas moins de seize films. Il Mattatore (1960) est l’un de ceux-là, modèle de comédie où un escroc entreprend de relater ses exploits à un collègue ayant maladroitement tenté de l’arnaquer. Joyeusement immoral, le film est un festival Gassman qui multiplie les identités – jusqu’à Greta Garbo! – comme les entourloupes, non sans fanfaronner à tout va. On retrouve l’acteur trente ans plus tard dans Tolgo il disturbo, où il campe un ancien notable sortant de 18 années d’asile psychiatrique pour se découvrir incompris de tous, à l’exception de sa petite-fille de 12 ans. L’£uvre est sensible; Risi ne délaisse pas sa verve corrosive pour autant portant, par Gassman interposé, un regard aiguisé sur la comédie humaine. Du grand art…

JEAN-FRANçOIS PLUIJGERS

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