Deux secondes d’air qui brûle

© National

Les romans qui traitent de la banlieue sans les raccourcis médiatiques habituels se multiplient. Après Fatima Daas et son autoportrait fiévreux La Petite Dernière en 2020, c’est au tour de Diaty Diallo d’électriser la rentrée avec la chronique incendiaire d’une bavure policière vue à travers les yeux des proches de la victime. En particulier ceux, inconsolables, d’Astor, poto à l’âme poétique et observateur attentif des moeurs locales. Les descentes de police, les jeunes connaissent. Mais “il y a toujours des soirs où ce n’est pas tout à fait pareil”. Comme ce 16 juillet quand les “dépositaires” interrompent sans raison un barbecue improvisé lors d’“une soirée tranquille. Presque chiante”. La situation dégénère. Pris en chasse sur “son cross”, Sammy se fait tirer dessus comme un lapin. Dans les étages, sur les toits comme dans les entrailles du parking abandonné, la colère gronde. Un parfum d’insurrection flotte dans l’air endeuillé, des actions collectives prennent forme, ici une parade motorisée à Paname, là une rave endiablée, préludes au bouquet pyrotechnique final. “On va chasser les mauvaises vibes du quartier”. Le flow sensoriel et frénétique de Diaty Diallo, perméable aux musiques urbaines, rend douloureusement palpable l’injustice, et attendrissante cette bande de copains qui ne demandent qu’à vivre en paix.

De Diaty Diallo, éditions du Seuil, 176 pages.

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