Dernier week-end de janvier

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Bastien Vivès a toujours mis en scène ses pairs. Fraîchement sorti de l’école, il nous parlait de désirs et de malaises adolescents avec une justesse rarement atteinte dans le monde du 9e art. À présent qu’il a presque 40 ans, il continue de nous parler de sa génération. Mais surtout d’un milieu qu’il connaît bien: la bande dessinée et la foire au boudin ultime qu’est le Festival de la Bande Dessinée d’Angoulême. Denis Choupin, auteur de bandes dessinées qui commence à avoir pas mal de succès, se rend donc au fameux festival pour se plier au rituel de la dédicace. Parmi les fans lourdingues, un ange un peu perdu fait son apparition sous les traits d’une femme venue pour une dédicace au nom de son mari, occupé de son côté à faire la file quelques stands plus loin. Le coup de foudre n’est pas immédiat, mais on sent que Choupin n’est pas insensible au charme de la dame, déjà disparue dans la foule. Si on n’atteint pas les sommets d’un Goût du chlore ou bien d’un Polina, Dernier week-end de janvier reste un bon cru. L’auteur renoue avec ce qu’il fait de mieux: l’économie du texte et un dessin stylisé qui nous mène à l’os des émotions. Il joue parfaitement avec les codes de l’aventure amoureuse comme il le faisait avec ceux de la drague. La confusion des sentiments qui anime les personnages est, comme toujours, parfaitement retranscrite. Le mari, croqué sous les traits d’un Michel Vaillant sûr de lui, collectionneur ayant les moyens de s’acheter des planches originales, est impeccable. Le ballet des attachés de presse, des auteurs et autres galeristes spécialisés est tout aussi juste. Enfin, Choupin, cinquantenaire mal dégrossi perdu face à cette belle femme élégante, est désarmant de sincérité. On a presque mal au ventre à sa place.

© National

de Bastien Vivès, éditions Casterman, 184 pages.

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