Décès du réalisateur Andrzej Wajda, conteur inlassable de l’histoire polonaise

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FocusVif.be Rédaction en ligne

Le célèbre metteur en scène polonais Andrzej Wajda est mort dimanche soir à Varsovie à l’âge de 90 ans, ont annoncé ses proches et plusieurs médias polonais.

Le réalisateur de L’Homme de Marbre et de nombreux autres films reflétant l’histoire complexe de son pays est décéde d’une insuffisance pulmonaire. Hospitalisé depuis plusieurs jours, il se trouvait dans un coma pharmacologique, a indiqué à l’AFP un proche de la famille qui a demandé à garder l’anonymat. « Nous espérions qu’il en sortirait », a dit le scénariste et metteur en scène Jacek Bromski sur la chaîne privée TVN24.

Malgré son grand âge, le cinéaste était resté très actif ces dernières années, secondé par sa femme Krystyna Zachwatowicz, actrice, metteur en scène et scénographe.

Dans Katyn, nominé à l’Oscar en 2008, il racontait l’histoire tragique de son propre père, Jakub Wajda, qui fut l’un des 22.500 officiers polonais massacrés par les Soviétiques en 1940, notamment à Katyn. Capitaine d’un régiment d’infanterie de l’armée polonaise, il fut exécuté d’une balle dans la nuque par le NKVD, la police secrète de Staline.

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Son dernier film, Powidoki (Après-image, 2016), qui a eu sa première en septembre au Festival de Toronto (Canada) et qui n’est pas encore sorti en salle, sera le candidat polonais à l’Oscar. Wajda y raconte les dernières années de la vie d’un peintre d’avant-garde et théoricien de l’art, Wladyslaw Strzeminski, en lutte contre le pouvoir stalinien. Certains critiques y ont vu une métaphore de la Pologne actuelle dirigée par les conservateurs du Droit et Justice (PiS).

Retour sur une carrière consacrée à l’histoire de son pays

Né le 6 mars 1926 à Suwalki (nord-est), Andrzej Wajda veut suivre l’exemple de son père, militaire de carrière, et tente, sans succès, d’entrer en 1939 dans une école militaire, à la veille de la Seconde guerre mondiale.

Pendant l’occupation nazie, il commence à suivre des cours de peinture qu’il prolongera après la guerre à l’Académie des Beaux-Arts de Cracovie (sud), avant d’entrer dans la célèbre école de cinéma à Lodz (centre).

Ses premiers films sont imprégnés de l’expérience douloureuse de la guerre, de la résistance polonaise contre les nazis.

Son premier long métrage Génération (1955), un récit portant sur le sort de jeunes des faubourgs de Varsovie pendant l’occupation, a donné naissance à la célèbre « Ecole polonaise de cinéma », courant où l’on entreprenait un débat sur l’héroïsme et le romantisme polonais.

En 1957, Andrzej Wajda obtient à Cannes le Prix spécial du Jury pour son chef d’oeuvre sur l’insurrection de Varsovie en 1944, Kanal (Ils aimaient la vie).

« Ce fut le début de tout », avoua-t-il à l’AFP 50 ans plus tard. « Cela m’a permis de faire ce qui devait être mon film suivant, Cendres et diamant (1958). Il m’a donné une position forte dans le cinéma polonais ».

A partir des années 70, l’oeuvre d’Andrzej Wajda s’inspire du patrimoine littéraire polonais: Le bois de bouleaux (1970), Les Noces, (1972), La Terre de la grande promesse (1974).

En 1977, il présente au Festival de Cannes L’Homme de marbre, critique de la Pologne communiste, à qui il donne une suite trois ans plus tard dans L’Homme de fer.

Le film, racontant pratiquement en temps réel l’épopée de Solidarité, premier syndicat libre du monde communiste, est récompensé par la Palme d’or à Cannes.

« Le jour de la Palme a été très important dans ma vie, bien sûr. Mais j’étais conscient que ce prix n’était pas uniquement pour moi. C’était aussi un prix pour le syndicat Solidarité », a-t-il expliqué.

Andrzej Wajda a offert sa Palme d’or à un musée de Cracovie. Elle y est exposée à côté d’autres trophées comme l’Oscar qui lui a été décerné en 2000 pour l’ensemble de son oeuvre.

Alors que ses nombreux amis sont emprisonnés lors du coup de force du général Wojciech Jaruzelski contre Solidarnosc en décembre 1981, la Palme d’Or le sauve de la prison.

Amoureux du théâtre et du Japon

Ses prises de position hostiles au régime de Jaruzelski l’incitent à réaliser des films à l’étranger.

Il tourne alors Danton (1983) avec Gérard Depardieu, Un amour en Allemagne (1986), ou Les Possédés (1988) d’après Dostoïevski.

Après la chute du communisme en 1989, Andrzej Wajda revient à l’histoire avec notamment Korczak (1990), L’Anneau de crin (1993) ou La Semaine Sainte (1995).

Il adapte toujours au cinéma les grands oeuvres de la littérature polonaise comme Pan Tadeusz, quand Napoléon traversait le Niemen (1999) et La Vengeance (2002).

Son film sur la Pologne moderne d’après 1989, Mademoiselle Personne (1996) ne rencontre pas le succès escompté.

Dans Katyn, nominé à l’Oscar en 2008, il raconte l’histoire tragique de son propre père, Jakub Wajda, qui fut l’un des 22.500 officiers polonais massacrés par les Soviétiques en 1940, notamment à Katyn. Capitaine d’un régiment d’infanterie de l’armée polonaise, il fut exécuté d’une balle dans la nuque par le NKVD, la police secrète de Staline.

Le film de Wajda consacré au leader du syndicat Solidarité Lech Walesa, intitulé L’homme du peuple, est sorti en salles en 2013. Il a été présenté lors du festival de Venise en sélection hors compétition.

Amoureux du théâtre, Andrzej Wajda a également mis en scène une quarantaine de pièces, dont plusieurs présentées à l’étranger, notamment en Amérique du Sud et au Japon.

Grand passionné de la culture japonaise, le cinéaste a créé en 1994 à Cracovie un centre de civilisation japonaise, Manggha.

En 2002, il avait lancé sa propre école de cinéma et d’écriture de scénarios.

Son dernier film, Powidoki (Après-image, 2016), qui a eu sa première en septembre au Festival de Toronto et qui n’est pas encore sorti en salle, sera le candidat polonais à l’Oscar. Wajda y raconte les dernières années de la vie d’un peintre d’avant-garde et théoricien de l’art, Wladyslaw Strzeminski, en lutte contre le pouvoir stalinien. Certains critiques y ont vu une métaphore de la Pologne actuelle dirigée par les conservateurs du Droit et Justice (PiS).

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