Dans le secteur musical, « tout le monde a perdu des plumes »

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Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Même si les disques continuent de sortir, l’industrie musicale ne pourra pas se passer très longtemps du live et attend avec impatience la réouverture des salles de concerts.

Ils ont été les premiers à débrayer, la plupart n’attendant d’ailleurs pas que le gouvernement impose la quarantaine pour débrancher volontairement la prise. Aujourd’hui, le monde de la musique ne se fait plus d’illusions: les musiciens seront aussi les derniers à « déconfiner ». Durant de longues semaines, ils n’ont pourtant pas chômé. Live à domicile sur Facebook, DJ set sur Instagram, concerts virtuels, etc. Comme jamais, le Net a servi d’exutoire pour des artistes en mal de scènes.

Au début du confinement, un petit coup de sonde parmi les acteurs du secteur -labels, musiciens, salles- avait pu montrer à quel point chacun avançait dans l’inconnu. Deux mois plus tard, le flou continue de régner. Certes, plus personne n’imagine jouer en salle avant début septembre. Même l’AB a annulé ses événements de la fin août (les Feeërieën notamment), d’une échelle pourtant modeste.

Du côté des maisons de disques, le digital a compensé en partie. « On a encaissé le choc, glisse Damien Waselle, directeur de Pias Belgique. Mais il ne faut pas rêver, il a fallu prendre des mesures drastiques, faire gaffe aux dépenses. Tout le monde a perdu des plumes. » Comme ailleurs, de nouvelles habitudes ont été prises. « On a appris beaucoup de choses, mis en oeuvre de nouvelles pratiques. On a également beaucoup bossé sur notre magasin en ligne, dont on a accéléré le développement, avec certains jours des résultats étonnants. » Jusqu’ici, la plupart des sorties ont également été maintenues. « Elles ont même reçu pas mal de visibilité. Mais, sans la caisse de résonance du live et des festivals de l’été, ces disques ne sont-ils pas condamnés? Franchement, je n’oserais pas m’avancer. » L’industrie est en effet coincée. Carburant à la nouveauté, elle ne bénéficie plus de la vitrine des concerts. Comment faire? Si d’ordinaire l’été est de toute façon une saison plus calme côté sorties, la rentrée s’annonce flottante. Certains artistes internationaux se voient volontiers reporter leur nouvel album à l’an prochain. « Je peux comprendre qu’ils n’aient pas envie de sortir leur album au milieu de nulle part… »

À tâtons

Le live sera donc bel et bien la clé de la relance. Et son talon d’Achille, tant l’horizon reste incertain. Au Botanique, dont le festival qui devait se dérouler ces jours-ci a été déplacé au mois d’octobre, on croise les doigts. Son directeur Paul-Henri Wauters explique: « Pas mal d’artistes anglo-saxons ont prévu par exemple des concerts à l’automne, mais accompagnés à chaque fois d’une date de contingence au printemps 2021, au cas où… Alors, certes, on ne voudrait pas servir d’incubateur pour une nouvelle vague de contaminations, en rouvrant trop vite. Mais toute la profession a besoin de perspectives… » L’idée est de repartir en prenant des mesures de protection, tout en visant la pleine capacité. Parce qu’imaginer des salles à moitié remplie, afin de respecter la distanciation sociale, est impossible? « Dans l’économie actuelle du live, c’est en effet compliqué. Et quand bien même nous déplacerions les concerts prévus dans la Rotonde vers l’Orangerie qui a une capacité plus importante, cela ne résout pas toute une série de problèmes. Outre le fait que les concerts seront d’office déficitaires, comment accueillir les gens, les diriger vers la salle, les faire ressortir, organiser le bar, les toilettes, etc.? »

Rédigé avec cinq autres professionnels du secteur, actifs en Fédération Wallonie-Bruxelles (l’Eden, le Reflektor, le CC René Magritte, etc.), un document a été remis la semaine dernière à la ministre de la culture Linard. Il demandait notamment la possibilité de rouvrir progressivement les salles -dès le 18 mai pour le personnel, à partir du 1er juin pour les artistes en résidence, et avec le 1er septembre comme date de relance officielle des concerts. De là à ce que ces propositions soient adoptées lors du Conseil national de sécurité, consacré plus particulièrement cette semaine au secteur culturel, il y a évidemment une marge, qu’au moment de boucler ces lignes, on ne pouvait encore franchir…

Cov-hit 19

Le masque et la plume

Le rappeur superstar Drake a été le premier à rebondir sur la crise du coronavirus. Dans le clip de Toosie Slide, il déambule seul dans son grand manoir de Toronto. Masqué, il a lancé la tendance reprise par d’autres, tel le jeune DaBaby qui, pour son nouvel album, a dû camoufler son sourire Pepsodent.

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Compos maison

À l’instar de la révélation française Pomme, qui a posté cinq nouveaux titres en anglais, disponibles le temps du confinement, l’Américaine Charli XCX s’est fixé comme défi de réaliser un album entier à la maison -musique, parole, artwork, etc.-, avec la collaboration de ses fans. La sortie d’How I’m Feeling est prévue ce 15 mai.

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Ballons d’essai

La période aura aussi permis à certains de se libérer de certaines contraintes. Roméo Elvis en aura ainsi profité pour sortir un nouvel EP, au titre de circonstance: Maison. « Tout peut arriver en cette période de non-sense« , glisse-t-il dans Gonzo. Y compris une apparition de Michel Drucker et des morceaux qui se permettent d’être juste sincères et directs.

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Stars virtuelles

À côté des concerts en salon, de plus en plus d’artistes ont choisi la voie virtuelle. Que cela soit le rappeur Travis Scott sur le jeu Fortnite, ou le festival Minecraft dont les participants étaient représentés par les personnages pixelisés du célèbre jeu vidéo. Récemment, c’est encore la jeune musicienne indie américaine, Soccer Mommy, qui a choisi de « maintenir » les dates de sa tournée, en proposant un alias 8-bit, chantant son dernier morceau Crawling In My Skin.

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