Critique

Cuphead, l’hommage halluciné du jeu vidéo aux débuts du dessin animé

Cuphead © Studio MDHR
Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

PLATFORMER/SHOOTER | Invoquant le cinéma d’animation, Cuphead repousse les limites de la 2D et plonge le joueur dans un hommage halluciné à Max Fleischer et Walt Disney.

En 1938, Blanche Neige et les Sept Nains propulsait le cinéma d’animation au rang d’art. Tout Hollywood se battait pour le voir. Le soin apporté par Disney aux détails de son animation bluffait les kids en salles. Les adultes, aussi. Autres temps, autre medium. Huit décennies plus tard, Cuphead élève la maturité du jeu vidéo. Cultivant une passion aveugle pour des techniques d’animation à l’ancienne, le jeu de plateforme s’inspire ainsi des dessins animés des années 30 comme ceux de Max Fleischer. L’ombre du père de Betty Boop plane sur cette production indé dessinée image par image, à la main. Attention, ça cartoon!

Duo canadien dont le talentueux travail analogique égale celui des studios Aardman (Chicken Run, Wallace & Gromit…), les frères Moldenhauer ont, comme les héros de leur jeu, signé un pacte avec le diable. Cuphead et Mugman, les protagonistes à tête de tasse de ce platformer, se sont ainsi fait arnaquer au casino par le Diable. Pour éviter de payer les pots cassés et récupérer leur âme, une seule solution: voler à leur tour celle de malheureux débiteurs à affronter sur la bien nommée Inkwell Isle.

Têtes de turc

D’une carotte géante sous acides que l’on terrasse dans un champ à un duo de grenouilles boxeuses squattant un cabaret fumant, Cuphead multiplie les surprises. Sourire (malsain) aux lèvres, tous ses adversaires aux corps de jouets, d’animaux ou de végétaux plaquent des regards haineux ou simplement psychopathes. Bonsoir, malaise. Les situations loufoques se superposent. Un Woody Woodpecker qui tente de nous trouer la peau? Un homme cigare aux cheveux incandescents? Bonne nuit, cauchemars.

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L’oeuvre des frères Moldenhauer est d’autant plus remarquable qu’elle assouvit un vieux fantasme du gaming. À savoir, créer un dessin animé jouable. Dragon’s Lair s’y essayait en 1983 mais manquait cruellement de gameplay. Dix ans plus tard, Aladdin et Earthworm Jim caressaient ce rêve sur Megadrive. Si Rayman Legends parvenait finalement à ce résultat il y a quatre ans, Cuphead se livre à une surenchère de détails. Si bien qu’il se laisse regarder autant qu’il se joue…

Le miracle animé danse donc entre des phases de combat aérien et surtout des niveaux de plateforme où l’on tire à 360 degrés autour de soi. Ces passages se complètent d’une capacité de dash, d’une panoplie de super attaques et de divers types de tir (à gagner au fil de bonus à échanger en boutique). Inutile toutefois d’espérer éviter le game over. Cuphead fera boire la tasse au plus hardcore des gamers. Jonglant avec les situations inattendues, parfois imprécis, Cuphead marque toutefois sans peine 2017 de son trait unique. Mieux, sa BO claudique dans les années folles avec talent. Entre ragtime, jazz et autres rythmes brésiliens, ce formidable voyage musical -que Woody Allen ne renierait pas- a d’ailleurs reçu l’honneur d’une quadruple édition vinyle. Dansez, maintenant.

Édité et développé par Studio MDHR, âge: 3+, disponible sur PC et Xbox One. ****

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