Critique

Un jour, un destin: Renaud, les raisons de la colère

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Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

Qu’on goûte ou non ses textes et le personnage qu’il s’est créé, Renaud est un auteur à part dans le paysage français. Portrait.

DOCUMENTAIRE DE SIMON THISSE.
Ce mercredi 26 septembre à 22h15 sur France 2.

On s’ennuie rarement dans Un jour, un destin. Appuyé sur la vie de célébrités aux parcours tourmentés, l’émission documentaire imaginée et présentée par le golden boy de l’info française, Laurent Delahousse, est un modèle d’efficacité. Montage nerveux, éléments de reconstitution, images rares et ralenties, interviews multiples et redondantes, accent mis sur les points traumatiques de la biographie: le schéma absolument reconnaissable de ces films leur donne une puissance narrative indéniable. Surtout quand les personnages évoqués sont aussi intrigants que Renaud.

Le documentaire démarre en 2001. Renaud tremble, dans les coulisses de l’Olympia. La profession lui tend la main, parce qu’il est dans le trou. Il ne chante plus. N’écrit plus. Il se perd. Sa prestation sur le fil de Mistral Gagnant, superbe de fragilité mais à la limite du pathétique, réveille en lui l’envie d’avancer. Et Un jour, un destin redémarre là où tout a commencé.

Renaud a une mère d’origine ouvrière et un père de classe moyenne. Pour une enfance paisible et heureuse. Mais quand ses parents assistent, médusés, à la terrible répression du Métro Charonne, un déclic s’effectue dans la tête du gamin: désormais, ce sera « nique la police » avant l’heure, et plus globalement « nique l’autorité ». Une révolte qui animera l’ensemble de sa carrière, même quand on lui reprochera un manque de sincérité petit-bourgeois, grandiloquent, un peu too much. Et il est vrai qu’il est parfois too much, le Renaud…

La fibre artistique naissante, dans les couloirs de la Sorbonne au moment de mai 68, l’apprentissage au Café de la Gare, avec son ami Coluche, le premier passage en télé chez Danielle Gilbert (avec un mythique « Bourgeois, fils à papa » à une heure de grande écoute), le succès, le bateau, le concert en Russie communiste, le tournage de Germinal, la descente aux Enfers, et bien d’autres épisodes façonnent ce portrait fouillé d’un auteur fragile, terriblement attachant, agaçant aussi, par moments. Un beau témoignage.

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