« Shine » fit sensation au milieu des années 90 et valut à son interprète principal, Geoffrey Rush, une renommée internationale. Mais ce film australien pose de véritables questions sur les libertés que peuvent prendre les cinéastes lorsqu’ils travaillent sur des faits réels, a fortiori sur des documents biographiques.
Shine s’inspire librement de la vie du pianiste David Helfgott, surdoué du clavier mais que de graves problèmes psychologiques éloignèrent de la scène durant de longues années, avant qu’il ne fasse un come-back spectaculaire. Comment la personnalité écrasante d’un père extrêmement exigeant (joué par l’acteur allemand Armin Mueller-Stahl) put fragiliser le génie musical qu’était David dès ses jeunes années, comment une dépression nerveuse et surtout des « soins » psychiatriques à base d’électrochocs brisèrent le concertiste au point de l’éloigner de son art, le film le raconte plus avec le souci de déclencher l’émotion que celui d’étayer sa thèse.
Une controverse naquit à sa sortie quant à l’exactitude des faits relatés, la marge d’interprétation permise au cinéma face à la vérité d’une vie, et la perception publique de certains proches impliqués? Par-delà ces contestations, qui ont généré plusieurs livres très critiques, Shine pose des questions valides quant à la tentation du cinéma d’aller vers le sensationnel et le sentimental, parfois de manière insistante et exagérément manipulatrice.
L’unanimité (ou presque) s’est par contre faite autour de la création de Geoffrey Rush dans le rôle de David. Cette performance fut couronnée d’un Oscar du meilleur acteur. Elle s’inscrit à côté de celles de Dustin Hoffman dans Rain Man,et de celle de Daniel Day-Lewis dans My Left Foot, parmi les plus marquantes d’un comédien dans le rôle d’une personne faisant face à un lourd handicap et parvenant à le surmonter. Une quinzaine d’années après son succès public et un débat critique parfois acharné, Shine tient surtout le coup grâce à cette interprétation hors norme.
Shine, 22.00 sur Plug RTL.
Film biographique de Scott Hicks, avec Geoffrey Rush, Armin Mueller-Stahl, John Gielgud. 1996.
Louis Danvers
