Critique

Rapace

© Angela Rossi
Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

Dans les méandres de la City, deux traders se font la guerre pour être couronnés par leurs pairs. George Fall, génie tyrannique et nihiliste de la finance, cherche le coup fumant qui le portera au Panthéon.

TÉLÉFILM DE CLAIRE DEVERS. AVEC GREGORY GADEBOIS, BENJAMIN JUNGERS, JULIE-MARIE PAREMENTIER. **
Ce vendredi 12 octobre à 20h50 sur Arte.

Bon, par où commencer? Par le pitch peut-être: dans les méandres de la City, deux traders se font la guerre pour être couronnés par leurs pairs. George Fall, génie tyrannique et nihiliste de la finance, seulement porté par l’amour de l’argent (ou serait-ce du pouvoir qu’il confère), cherche le coup fumant qui le portera au Panthéon. Même si, pour ce faire, il doit piétiner les dernières onces de déontologie qu’il cachait dans le fond de sa poche. Dans cette folle agitation, l’arrivée d’une jeune femme changera-t-elle la donne, emmènera-t-elle ce Napoléon expressif et bedonnant vers de plus humanistes contrées?

Dès les premières scènes de ce téléfilm, on comprend qu’il faudra s’accrocher pour tenir le coup. Le parti-pris de Claire Devers et du scénariste Olivier Lorelle, clairement, se situe au niveau de la démonstration de force, clichés hissés haut (trader carnassier, coke, putes, double BlackBerry, courbes sur laptop, Foster Tower…). L’interprétation théâtrale généralisée, et particulièrement celle de Grégory Gadebois, place une distance entre l’objet filmé et le téléspectateur, lequel peut difficilement prendre goût à ces échanges indigestes et tapageurs, à moins d’être spéciale ment touché par le ton grandiloquent des planches. « Plutôt que te confier les économies de ma grand-mère, je préférerais laisser un pédophile emmener mes enfants dans un camp de naturiste », balance d’entrée George Fall à son grand rival. Et on se demande ce qui a bien pu traverser l’esprit du dialoguiste: construire volontairement des scènes outrageuses pour s’éviter d’être trop sévèrement jugé, en cas de ratage d’un projet plus « banalement » mené? Ou simplement s’agit-il d’une fable-farce contemporaine à prendre avec esprit critique et distance, le message étant martelé ici au lance-flammes? En tout cas, comme on le disait au départ, il faut s’accrocher. Et à l’impossible, nul n’est tenu…

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