Les séries mythiques revues et corrigées (2/7): Le Prisonnier 2011

Le remake 2009 de la série de 1967 a déçu. Focus vous propose ses propres scripts pour une version contemporaine du feuilleton culte.

« Je ne suis pas un numéro, je suis un homme libre! », hurle le type à la commande 203 à la boucherie du Colruyt.

Depuis la chute des totalitarismes communistes en Occident et à l’est, les scénaristes peinent à proposer un remake crédible du Prisonnier. La série britannique culte de 1967 était bâtie sur le terreau fertile de la claustration, tant psychologique que politique, et de tous ses effets secondaires: exigence de transparence de la part du peuple, opacité du pouvoir, cadenassage des libertés… Le repli identitaire et sécuritaire qui a suivi les attentats du 11 septembre 2001 a un temps allumé l’imagination des auteurs, qui se sont néanmoins rapidement rendu compte que le créneau paranoïaque/terroriste était déjà occupé par un certain Jack Bauer.

« Vous n’êtes pas des numéros, vous êtes des nems libres! », beugle notre homme à la carte du King Fook Garden. Scénario refusé par les chaînes. Les comités de lecture y décelant une métaphore rationaliste trop stigmatisante pour les populations asiatiques. Toujours ce fichu sous-texte.

Récemment, toutefois, la télévision belge francophone a accepté de plancher sur un script qui lui a été soumis par l’association Navetteurs.be. Agenda caché de la part de l’organisme? Voire.

Indignés absents

« Je ne suis pas un numéro, je suis un voyageur libre », tambourine Willy Van de Steen sur la porte de la voiture 368 (celle qui ne poursuit pas en direction d’Eupen). Rien n’y fait, l’usager de la SNCB reste prisonnier de la fournaise.

Deux heures que son train vers Ostende est immobilisé en rase campagne, suite à une chute de caténaire sur la voie que devait emprunter le convoi. Deux heures durant lesquelles l’électricité défaillante a privé les voyageurs d’air conditionné. La vétusté du matériel roulant ne permettant pas non plus l’ouverture des fenêtres. Autour de lui, les passagers se liquéfient, défaillent, tombent en syncope… Sans broncher. L’habitude. « On a toujours connu ça », lui disent-ils, avant de clôturer la conversation par un tonitruant « Bonjour chez vous! »

Dans l’habitacle, suite au message « Dames en Heren, pour cause de bris de câble, le train IC en direction d’Ostende aura un retard indéterminé », la communication avec le système central est rompue. Les contrôleurs se terrent dans la cabine du conducteur. Willy Van de Steen refuse de se laisser endormir par ces explications au compte-gouttes, tente de prendre la tête d’une délégation d’indignés -mais il n’y a que lui qui s’insurge contre la situation.

Un homme seul peut-il faire souffler un vent de révolte sur le rail? Va-t-il tenter de trouver une place assise sur laquelle s’assoupir en feuilletant le journal Metro (pour la rubrique Kiss and Ride uniquement), ou sera-t-il le héraut d’une révolution ferroviaire, qui consisterait à moderniser les trains et la communication qui les entoure?

Voilà tout l’enjeu de ce Prisonnier 2011, qui devrait davantage satisfaire le public que sa copie 2009 par la chaîne AMC: ici, au moins, la situation est vraiment originale et dramatique.

Myriam Leroy

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