Critique

Le maître du logis

© Palladium/ZDF
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

Les historiens du cinéma considèrent ce film comme le premier grand accomplissement de Carl Theodor Dreyer, l’immense réalisateur danois auteur notamment de Vampyr et de La Passion de Jeanne d’Arc.

DRAME DE CARL THEODOR DREYER. AVEC JOHANNES MEYER, ASTRID HOLM, KARIN NELLEMOSE. 1925.
Ce mardi 25 septembre à 23h30 sur Arte.

Les historiens du cinéma considèrent ce film comme le premier grand accomplissement de Carl Theodor Dreyer, l’immense réalisateur danois auteur notamment de Vampyr et de La Passion de Jeanne d’Arc, de Dies Irae et de Gertrud. Ils le tiennent même comme « la manifestation la plus achevée du réalisme psychologique au temps du cinéma muet », dixit le renommé Jean Mitry. L’action nous emmène dans un foyer malheureux, celui de Viktor et d’Ida. Il est horloger de métier, et ses déboires professionnels instillent en lui une frustration qu’il reporte avec aigreur et autoritarisme sur une épouse tyrannisée et opprimée de la plus détestable façon. Ida, mère de deux enfants, finit par se résoudre à quitter la maisonnée, après en avoir reçu le conseil de Mads, l’ancienne nourrice de Viktor? Laquelle Mads va s’installer à la place d’Ida, et mettre à profit son ascendant sur le mari pour contester son pouvoir, et l’amener, après quelque résistance, à se soumettre et à comprendre dans la foulée à quel point il fut horrible avec la mère de ses enfants… Par-delà un aspect moral et même moralisateur que le luthérien Dreyer ne désavoue aucunement, Le maître du logis évite les pièges du naturalisme pour atteindre une extraordinaire justesse de ton. L’ironie est présente, mais aussi la compassion, et l’ouverture à une rédemption où l’amour (humain et divin) a le dernier mot. A l’heure où très peu d’oeuvres du cinéma « muet » ont encore l’honneur d’une programmation sur une chaîne de grande audience, le retour au (de moins en moins) petit écran du film de Dreyer est un bonheur inespéré. Il nous permet de percevoir le génie d’un metteur en scène que Lars Von Trier cite aujourd’hui comme une de ses plus grandes influences.

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