L’effet Mad Men

Le film de Fabien Constant revient sur le phénomène Mad Men, série star qui, aux Etats-Unis, n’en finit pas de rafler les lauriers délivrés par la profession.

Mad Men est une série plutôt confidentielle pour le grand public américain. Lorsqu’elle a débuté sur la petite chaîne AMC en 2007, elle rassemblait en moyenne 900.000 téléspectateurs devant le petit écran, soit à peine plus qu’un prime de Pirette sur RTL-TVi, pour une population sans comparaison. Sa quatrième saison, qui vient de s’achever, pointait elle à environ 3 millions. Pas un gros succès populaire, donc, mais une progression constante.

Et surtout, une influence sans pareille: Mad Men est culte auprès des gens de télé, des people, des modeux, des intellos, des designers, des pubeux… Bref, elle touche des gens à l’image de ses personnages, cinquante ans plus tard. Et est en passe de devenir un classique de la télévision US, à l’instar des Soprano et de The Wire. Ce documentaire à la fois funky et rigoureux de Fabien Constant analyse les causes de la folle ascension de Mad Men et ses conséquences sur les goûts des esthètes, sur la narration audiovisuelle…

Le film enchaîne les entretiens avec des journalistes spécialisés en productions télé, des petites mains du show, et son génial créateur, le très jusqu’au-boutiste Matthew Weiner, dont on dit qu’il ne laisse aucun détail au hasard, pas même la couleur des mégots de cigarettes dans les cendriers des héros. Des personnages profondément sombres, pour une série désenchantée mais terriblement élégante et racée. « Ce n’est pas un film de Douglas Sirk », précise Weiner. « C’est une série sur les gens qui regardent les films de Douglas Sirk et qui veulent être comme leurs personnages. »

Tout faux

Mad Men (dont Be TV propose l’intégrale de la formidable saison 3 après L’effet Mad Men), n’est en fait rien d’autre qu’une peinture des années 60, à travers le récit des tribulations d’une bande de publicitaires à qui le monde semble appartenir. Et quel monde: sexiste, raciste, hypocrite, consumériste… Un univers qui ne sied qu’aux requins, mâles et blancs. Don Draper (l’irrésistible Jon Hamm) est de ceux-là. Parfaitement gominé, le costume foncé tombant impeccablement sur les chaussures, le directeur de création de l’agence Sterling Cooper est, en façade, un pur produit publicitaire pour la parfaite et proprette vie de banlieue américaine. Mais l’homme cache de lourds secrets, et peu à peu, sombre tel son avatar dans le superbe générique de la série: une silhouette noire chutant le long de gratte-ciel illustrés de « réclames » de l’époque.

Le téléspectateur, un rien pervers, se délecte de la solitude absolue de son héros, et constate avec un léger frisson combien les 60’s avaient tout faux, dans à peu près tous les domaines. De quoi mettre en perspective tout ce qui fait la modernité.

L’effet Mad Men, 13.00 sur Be Séries.

Documentaire de Fabien Constant.

Myriam Leroy

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