Histoires de pluie

Avec ce joli documentaire sur les déracinés de Bruxelles, l’Argentine Isabel Achaval nous livre une petite musique poétique et entraînante.

Quel joli moment de poésie que ce documentaire tout simple d’Isabel Achaval. Elle est jeune, belle, argentine. Et déracinée. Son mari s’est installé à Bruxelles pour raisons professionnelles, elle peine à s’adapter. Mal du pays, mal de se reconstruire encore, mal de la pluie. Denis Collard le dit d’ailleurs, à la radio, qu’un vilain crachin s’est emparé du pays pour lui miner le moral pendant toute la semaine. Isabel prend alors sa caméra et la balade chez les amis qu’elle s’est faits, chez une vieille dame, un immigré philippin, un cuistot sicilien, une jeune Burkinabé. Comme elle, ses amis ont dû planter leurs racines ailleurs, dans une capitale qu’Isabel va doucement apprivoiser, sentir, aimer. Ses interlocuteurs n’ont rien d’exceptionnel, si ce n’est qu’eux aussi ont quitté leur patrie d’origine pour rejoindre l’étrange nouveauté d’une ville lointaine. Seule la vieille dame a poussé sur place, tellement poussé que son île s’est progressivement isolée du reste de Bruxelles. On la suit chez sa maman, 101 ans, pour la voir reprendre les couleurs de la jeunesse: même à 80 piges ou presque, on est encore l’enfant de quelqu’un. Le film tout entier agit en touches simples, quasi oniriques. La patte d’Isabel Achaval est légère comme un souffle, les moments de grâce s’enchaînent comme dans un film de famille involontairement beau. Elle capte les rêves des uns, les peurs des autres, elle s’implique, se montre, assure la voix off de son timbre délicat. Et nous fait voyager dans la ville, une ville qu’elle devra à nouveau quitter pour suivre l’homme qu’elle aime. Ses histoires pluvieuses sont douces et tranquilles. Elles résonnent encore, là, maintenant.

Histoires de pluie, documentaire d’Isabel Achaval.

Ce vendredi 25 mars à 22h45 sur La Deux.

Guy Verstraeten

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