Descendants de nazis, l’héritage infernal

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Ils ont un aïeul qui a participé de près ou de plus loin à l’extermination des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Et ils ont choisi, bizarreté ou pas, de s’installer en Israël, au plus près des victimes de leurs pères.

Que c’est long, que c’est lent, que c’est ennuyeux… Et que c’est dommage. Parce que Marie-Pierre Raimbault et Michael Grynszpan, qui ont réalisé ce documentaire pour France Télévisions, tenaient là un sujet magnifique. Une thématique fertile qui portait en elle des possibilités infinies de narration, et un facteur humain très fort.

Descendants de nazis – L’héritage infernal (intégré dans une programmation spéciale Seconde Guerre mondiale initiée à 20h15 par D-Day, le jour le plus long), raconte en effet le parcours d’enfants, petits-neveux ou nièces de nazis (dignitaires du régime ou exécutants), qui, pour toute une série de raisons, ont décidé de s’installer en Israël, et de côtoyer de près les victimes de leurs aïeux. Drôle de démarche, expiatoire ou non, qui est ici relatée de manière très scolaire, témoignage après témoignage, rencontre provoquée après rencontre provoquée.

Le procédé ôte toute spontanéité à l’exposé des trajectoires psychologiques qui ont tout particulièrement intéressé les réalisateurs de ce film. Des récits qui restent toutefois riches d’enseignement tant sur la manière dont l’Allemagne a géré l’après Troisième Reich et le poids de la culpabilité de ses citoyens, que sur la résilience dont l’être humain peut se montrer capable. Intéressant aussi, le tiraillement entre deux sentiments que vivent les descendants de nazis: l’amour envers sa famille, le mépris de ses racines.

« Pourquoi ne pas espérer, un jour, une réconciliation entre juifs et nazis? », osait OSS 117 dans l’hilarant Rio ne répond plus. Matthias (petit-neveu d’Hermann Göring, bras droit d’Hitler), Knüt et les autres oeuvrent en tout cas à une normalisation des rapports entre une progéniture de souffre-douleur et celle de leurs bourreaux qui n’étaient pas nés durant la guerre, mais qui sont encore aujourd’hui oppressés par son souvenir et une responsabilité qu’ils endossent alors que leurs ancêtres l’ont toujours refusée. A tel point qu’un grand nombre des descendants de nazis contactés par les journalistes ont refusé de figurer dans ce film. Par peur, par honte, sans doute.

Descendants de nazis, l’héritage infernal, 22.35 sur La Une.

Documentaire de Marie-Pierre Raimbault et Michael Grynszpan.

Myriam Leroy

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