Deadpool, The Americans, 9 mois fermes… 11 choses à voir à la télé cette semaine

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Films, séries, documentaires, émissions… Voici notre sélection télé, du 27 janvier au 2 février.

THE AMERICANS, SAISON 5

Série créée par Joel Fields et Joe Weisberg. Avec Matthew Rhys, Keri Russell, Noah Emmerich, Keidrich Sellati. ****

Samedi 27/1, 20h30, Be Series.

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Incarnant depuis 2013 un improbable couple d’agents secrets soviétiques infiltrés au coeur du pays de l’Oncle Reagan, en pleine Guerre froide, Keri Russell et Matthew Rhys remettent couvert, perruques, mensonges et coups de poings pour une 5e saison toujours aussi haletante. L’air de rien, The Americans a réussi à tailler sa route dans un univers de séries pléthorique, laissant les lauriers et le buzz à d’autres pour mieux creuser un filon d’espionnage audacieux, mêlant humour noir, action musclée, suspense tordu et intrigues familiales corsées: après avoir, notamment, milité en faveur du désarmement nucléaire (saison 2) et découvert le véritable métier de ses parents (saison 4), leur fille Paige s’entiche du fils de Stan Beeman (Noah Emmerich), agent du FBI et ennemi désigné de la famille, lui-même emberlificoté dans ses contradictions et ses doutes. Fusionnant avec brio, depuis ses débuts, les enjeux supérieurs d’un couple d’agents du KGB avec les contingences d’une vie de famille baignée dans l’American way of life, la série intègre la paranoia combinée et sanglante d’un régime soviétique aux abois et d’une Amérique reaganienne pas aussi fière qu’elle ne le claironne à la face du monde. Et évoque en creux et crûment les scandales électoraux mêlant Trump et Poutine dans un même bain poisseux. Prenant de bout en bout.

N.B.

9 MOIS FERMES

Comédie de Albert Dupontel. Avec Sandrine Kiberlain, Albert Dupontel, Nicolas Marié. 2013. ****(*)

Dimanche 28/1, 20h55, France 2.

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L’humour fou d’Albert Dupontel atteint des sommets burlesques dans cette comédie endiablée, où une avocate et un ex-détenu vivent ensemble un moment d’égarement sensuel dont les conséquences prennent la forme arrondie d’une grossesse problématique. Sandrine Kiberlain se met au diapason délirant de son partenaire (également scénariste et réalisateur) pour nous offrir une cascade de scènes hilarantes. Avec en prime une qualité d’invention visuelle peu banale. Et des airs de conte moral et social où l’on reconnaît bien le Dupontel émule de Chaplin et solidaire des exclus, deux éléments déjà très présents dans son très épatant Enfermés dehors. À savourer sans modération! Notamment lorsque Bouli Lanners vient ajouter son grain de sel dans une séquence de caméras de surveillance carrément géniale dans son impact comique et son brio formel.

L.D.

THE ACT OF KILLING

Documentaire de Joshua Oppenheimer. ****(*)

Mardi 30/1, 00h45, France 2.

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Ils semblent dépourvus de remords. Leur détachement est glaçant. Fans de John Wayne, d’Al Pacino et de Marlon Brando, ils sont d’anciens tortionnaires, ont terrorisé, mutilé, massacré des milliers d’opposants politiques, communistes, syndicalistes, intellectuels, sous l’oeil bienveillant de l’armée. Aujourd’hui, ils s’improvisent acteurs et rejouent les atrocités dont ils ont été les auteurs. En Indonésie, en 1965 et 1966, plus d’un millions de personnes furent torturées et sauvagement assassinées par des troupes paramilitaires avec la bénédiction de Mohammed Suharto, futur président de la république. Anwar et ses potes furent de ces bourreaux. Devant la caméra de Joshua Oppenheimer, ils reconstituent avec plaisir et même fierté les séances de torture et les exécutions. Montrent sur les lieux de exactions comment ils s’y prenaient pour faire parler des mecs ou les étrangler avec un câble… Une espèce de C’est arrivé près de chez vous pour de vrai dont Oppenheimer a réalisé une suite ( The Look of silence). À ne rater sous aucun prétexte.

J.B.

KEEPER

Drame de Guillaume Senez. Avec Kacey Mottet Klein, Galatéa Bellugi, Catherine Salée. 2016. ****

Mercredi 31/1, 21h10, La Trois.

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Programmé sur La Trois dans le cadre des trois soirées spéciales Magritte, le film très réussi et très attachant de Guillaume Senez mérite assurément l’attention. À 15 ans, Maxime et Mélanie y vivent une belle histoire d’amour. Un jour, sur le smartphone de Maxime, un message de Mélanie: « Je crois que suis enceinte »… Si le thème de la maternité adolescente (de la paternité aussi) est au coeur de son récit, Keeper ne devient jamais film à message, évitant aussi les pièges du cinéma sociologique ou psychologique, et encore plus du film idéologique pro-life ou pro-avortement. Il trace un double portrait d’une rare justesse et d’une absolue sincérité. Galatéa Bellugi ( À 14 ans) et Kacey Mottet-Klein ( L’Enfant d’en haut) y sont formidables et vrais. Keeper est un premier film d’une qualité rare, révélant en Guillaume Senez un jeune cinéaste à suivre du plus près.

L.D.

DES SOUS-DOUÉS AUX P.R.O.F.S.: L’ÉCOLE FAIT SON CINÉMA

Documentaire de Christophe Carrière et Guillaume Perez. ***(*)

Mercredi 31/1, 22h30, France 4.

Deadpool, The Americans, 9 mois fermes... 11 choses à voir à la télé cette semaine
© DR

Zéro de conduite, La Guerre des boutons, Diabolo Menthe… Le cinéma français a toujours aimé l’école. À tout le moins en faire le sujet de ses films. Mais Les Sous-doués, quatre millions de spectateurs en leur temps, existent-ils vraiment? Le professeur Mathieu des Choristes n’est-il pas qu’un fantasme? Christophe Carrière passe l’éducation nationale au crible à travers le septième art d’hier et d’aujourd’hui. Les réalisateurs Claude Zidi et Christophe Barratier, des acteurs comme Élie Semoun (le professeur Latouche de L’Élève Ducobu), François Berléand (le directeur tyrannique des Choristes) et Laurent Gamelon (le prof de gym collègue de Bruel dans P.R.O.F.S.) croisent un sociologue du cinéma ou encore une journaliste de Télérama dans ce docu qui questionne la figure du cancre comme celle du professeur s’élevant contre sa hiérarchie et le système. Un voyage relativement intéressant malgré ses longueurs (et des anecdotes personnelles fort dispensables) dans les bancs et les cartables du cinéma bleu-blanc-rouge. De Neuilly sa mère à Entre les murs.

J.B.

DEADPOOL

Film d’action fantastique de Tim Miller. Avec Ryan Reynolds, Morena Baccarin, Ed Skrein. 2015. ***(*)

Jeudi 1/2, 20h20, RTL-TVI.

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C’est très probablement le plus décalé, le plus trash, le plus givré, le plus improbable des super-héros de la galaxie Marvel Comics. Super-anti-héros, devrait-on plutôt dire, tant Wade Wilson, alias Deadpool, incarne fort peu les idéaux de justice et de solidarité, de sacrifice au service de la collectivité que véhiculent la plupart de ses collègues… Ancien militaire des forces spéciales devenu mercenaire, une expérimentation médicale va le doter de pouvoirs très spéciaux. Il s’en servira pour traquer le responsable de ses malheurs. Il utilisera aussi et par ailleurs l’arme fatale d’un humour très noir, tout en multipliant les preuves de mauvaise éducation et de goût douteux. Bref, les mauvais esprits adoreront un Deadpool qu’incarne Ryan Reynolds ( Captives, Renaissances). Derrière la caméra, Tim Miller -venu de l’animation- réalise son premier long métrage et offre d’emblée un spectacle réjouissant. À savourer sans modération, en attendant la sortie en salles de Deadpool 2, au printemps…

L.D.

RIVER

Minisérie créée par Abi Morgan. Avec Stellan Skarsgård, Nicola Walker, Adeel Akhtar, Lesley Manville, Georgina Rich. ***

Jeudi 1/2, 20h55, Arte.

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Depuis la mort brutale de sa coéquipière Jackie, l’inspecteur John River n’est plus tout à fait le même. Apprécié de sa hiérarchie, admiré par ses collègues, cette disparition le fait glisser soudainement dans un état à deux doigts du break, juste à côté de la voie de garage. Rechignant à se rendre aux séances de psy que lui préconise sa chef, il se plonge dans une double enquête pour retrouver le meurtrier de Jackie et, simultanément, le corps mystérieusement disparu d’une jeune fille assassinée. Jusqu’ici, tout va bien. Car très vite, John est visité par l’esprit de Jackie, puis d’une ribambelle de figures du passé. Équilibre mental précaire? Connection exclusive avec le monde invisible? John Silver devra naviguer dans les non-dits que ces fantômes viennent faire resurgir. Si le propos est intéressant et les acteurs (Stellan Skarsgård, Nicola Walker) en bonne forme, le rythme et les longueurs engourdissent trop vite ce thriller mélancolique pourtant élégant.

N.B.

LA MAFIA DES OCÉANS

Documentaire de Jérôme Delafosse et Jérôme Pin. ***(*)

Jeudi 1/2, 22h35, La Une.

Deadpool, The Americans, 9 mois fermes... 11 choses à voir à la télé cette semaine
© DR

Pour ce nouveau rancard avec Doc Shot, toute fraîche tribune de la Une accordée aux grands reportages à laquelle nous nous familiariserons sans mal, l’équipe de François Mazure nous entraîne au coeur d’une enquête sur la pêche hors-la-loi et ses incidences calamiteuses, tant pour les fonds marins dépouillés de leur moelle que pour la main d’oeuvre essorée jusqu’au trognon. Ce crime environnemental, Jérôme Delafosse et Jérôme Pin l’ont décortiqué depuis l’Espagne, où réside l’un des plus irréductibles parrains des grands larges, jusqu’en Indonésie, deuxième producteur mondial après la Chine, où la lutte contre la pêche illégale fait office de combat national. Sous leurs yeux, des marins décharnés et maltraités sur des rafiots de fortune qui débordent de poissons extirpés à la mer sans aucune distinction. Autant de prises qui se retrouvent pourtant aux mains des entreprises qui les reconditionnent et les commercialisent les yeux bien fermés mais le portefeuille grand ouvert. C’est que la contrebande représente un business des plus juteux avec des profits estimés à une centaine de milliards de dollars par an. Alors que, comme le souligne cet infatigable traqueur de pirates qu’est Paul Watson, si les océans périclitent, nous les suivrons inexorablement, les conclusions de ce nauséeux bien qu’édifiant documentaire ne rassureront personne. Bien au contraire.

M.U.

CODE BLACK

Série créée par Michael Seitzman. Avec: Marcia Gay Harden, Luis Guzmàn, Benjamin Hollingsworth, Melanie Chandra, Rob Lowe. ***(*)

Vendredi 2/2, 22h15, RTL-TVI.

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Les situations de crise se multiplient dans les urgences du L.A. County Hospital, à Los Angeles. Les médecins et infirmiers doivent faire face aux engorgements, au manque chronique de moyens, de temps, de place ou simplement d’empathie d’un milieu (in)hospitalier obnubilé par les marges, les coûts, la rentabilité. Souvent comparé à Urgences ou Grey’s Anatomy, Code Black (nom donné aux moments de bourre extrême aux urgences, entre guerre de tranchée et plan B) n’a rien des héroïsmes narcissiques du premier ni des niaiseries plan-plan du second. Plus proche dans l’esprit d’un The Wire, la série dérive du documentaire réalisé par Ryan McGrarry, ancien urgentiste, tiré de son livre-brûlot. Marcia Gay Harden ( Mystic River), Luis Guzmàn ( Narcos) et Rob Lowe mettent leur aura cinéma au profit d’une série à la réalisation racée, sombre, névrotique, aux scénarios réalistes et sidérants, souvent lestés par des dialogues bien trop gorgés d’adrénaline, comme tirés d’une course poursuite incessante avec la mort.

N.B.

FONKO, LA RÉVOLUTION MUSICALE AFRICAINE

Documentaire de Lamin Daniel Jadama et Lars Loven. ****

Vendredi 2/2, 23h00, Arte.

Deadpool, The Americans, 9 mois fermes... 11 choses à voir à la télé cette semaine
© DR

La musique, de plus en plus hybride et métissée, connaît de moins en moins les frontières. Dans ce petit jeu de saute-mouton, de permanente fusion, l’Afrique n’est plus uniquement aujourd’hui le terrain de l’emprunt et du pillage. Elle est aussi sol de révolution. Électronique et rythmes traditionnels s’y mêlent allègrement pour créer de nouveaux sons. Le premier volet du documentaire suédois en trois parties réalisé par Lamin Daniel Jadama et Lars Loven invite à se promener en Angola et au Ghana. À rencontrer une kuduriste transsexuelle qui se ramassait des pierres et des bouteilles dans la tronche en rue et fait aujourd’hui danser les foules. Ou des rappeurs, les FOKN Bois, évoquant dans leurs morceaux la sexualité des jeunes musulmanes et la virilité des gays. Du genre à monter sur scène avec des casques de techniciens d’ECG (la compagnie d’électricité ghanéenne) au plus fort de la crise électrique dans la région. En Angola, qui émerge après une longue guerre civile, le kuduro est né dans le ghetto. Le peuple l’a ensuite amené en ville avant que Buraka Som Sistema le catapulte sur le devant de la scène internationale, faisant de ces beats de marginaux l’un des plus grands atouts culturels du pays. La musique comme refuge pour échapper à la délinquance. La chanson comme ultime moyen d’expression… Diplo (MIA, Major Lazer) décrit la situation dans le pays, son grand mélange de cultures. Tandis que MCK, la voix non officielle de l’Angola, raconte son histoire personnelle: celle d’un rappeur militant qui porte en lui la mort d’un laveur de voitures de 27 ans, battu à mort par la garde présidentielle pour avoir chanté une de ses chansons critiquant ouvertement le gouvernement. Narré par Neneh Cherry, Fonko (« la chose » en mandingue ou « veiller les uns sur les autres » en wolof) n’est pas qu’un état des lieux de la musique moderne en Afrique. C’est aussi son contexte politique et social. Riche, trépidant, passionnant, rythmé par des personnages hauts en couleur et des images un peu folles comme ces invraisemblables danses d’unijambistes, Fonko repose sur les témoignages de musiciens, blogueurs, profs d’université, hommes d’affaires… L’épisode consacré à l’Afrique du Sud et au Nigéria, ainsi que celui focalisé sur l’Afrique de l’Ouest francophone, seront disponibles sur arte.tv à partir du 2 février.

Julien Broquet

BLACK MIRROR, SAISON 4

Une série Netflix créée par Charlie Brooker. Six épisodes courant de 41 à 76 minutes. **(*)

Disponible sur Netflix.

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Black Mirror n’a jamais réitéré le double coup fumant des épisodes 2 et 3 de sa saison initiale. Pire: depuis son passage sur Netflix, la création dystopique de Charlie Brooker se décline trop souvent en épisodes à thème calibrés pour un grand débat des familles façon Écran Témoin sur les hypothétiques dérives sociétales des récentes avancées techniques. Enfer de la culture d’entreprise (et de l’Enterprise), obsession de la surveillance domestique, enquête à l’aide d’un système de matérialisation visuelle des souvenirs, plongée dans les algorithmes des applications de rencontre, chasse à l’homme robotique, musée des horreurs « scientifiques »… Beaucoup de développements laborieux et fort peu de vertige: cette quatrième fournée anthologique aux invités prestige (Rosemarie DeWitt, Jesse Plemons ou Andrea Riseborough côté acteurs; Jodie Foster, John Hillcoat ou Tim Van Patten à la réalisation) illustre au fond surtout que les bonnes idées -il y en a quelques-unes- ne font pas forcément la grande télévision. Souvent poussifs, les six épisodes proposés ici tendent toujours peu ou prou vers une même conclusion, objectivement un peu courte: les nouvelles technologies sont dangereuses et rendent malheureux. Oui bon, merci.

N.C.

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