Sujet chaud s’il en est, la pédophilie au sein de l’Eglise est au centre de ce documentaire prenant, qui accompagne des victimes des quatre coins de la planète dans leur combat contre leurs bourreaux.
Sujet brûlant s’il en est, la pédophilie au sein de l’Eglise fixe le cadre de cet interpellant documentaire. De fait, pour l’institution catholique, l’année 2010 a furieusement ressemblé à une éruption volcanique. Une annus horribilis durant laquelle une lave d’abus sexuels s’est déversée sur Benoît XVI et ses représentants: après des décennies de silence où, dans la société comme dans l’Eglise, la pédophilie était essentiellement tue et niée, les victimes semblent avoir repris voix au chapitre. Même si elles retrouvent parfois leurs traumatismes de petits enfants face aux fantômes de leurs anciens bourreaux. Jadis couverts par leur hiérarchie, les prêtres pédophiles ont désormais des comptes à rendre à la société civile: des associations fleurissent partout dans le monde et se font entendre, jusqu’aux pieds du Vatican.
Dans son enquête menée aux quatre coins de la planète, le réalisateur Paul Moreira accompagne les plus pugnaces des chasseurs de pédophiles, victimes désormais bien décidées à secouer le cocotier de la justice. Avec ténacité, Moreira dresse les enjeux sériés par cette nouvelle donne dans un documentaire frappant, forcément. L’argent, notamment, que les victimes réclament en dédommagement, n’a rien d’une thématique anodine à cet égard. Puis, quid de la responsabilité du pape Benoît XVI? Et de ses évêques? Le Vatican s’efforce de parler au passé des problèmes de pédophilie et de cette propension à couvrir systématiquement les méfaits du clergé: difficile pourtant de croire à une révolution totale de la transparence dans les rouages de l’Eglise.
Coupables indulgences, 22.00 sur La Une.
Documentaire de Paul Moreira.
Guy Verstraeten
