Critique

Carlos (1 et 2)

Déclinée à la fois pour le cinéma et pour la télé, cette fiction s’appuie sur la biographie du terroriste Carlos pour dresser un portrait des années 70 et 80. Un coup de maître.

Présenté en avant-première au Festival de Cannes, le Carlos d’Olivier Assayas y a fait sensation. C’est une somme d’une durée de près de 3 heures dans sa version cinéma, et de 5h30 dans sa version télé en 3 parties (les 2 premières étant programmées ce soir). Et une plongée fascinante, passionnante, dans l’histoire des années 70 et 80. L’époque des derniers grands espoirs révolutionnaires, et des mouvements politiques choisissant le chemin de la violence, du terrorisme, que ce soit en Allemagne (la Fraction Armée Rouge de Baader et consort), en Italie (les Brigades Rouges), en France (Action Directe), au Japon (l’Armée Rouge) et en premier lieu dans la mouvance palestinienne. Ilich Ramirez Sanchez, de son pseudonyme Carlos, est une figure majeure de ces années troublées. Il est devenu comme le symbole d’une lutte armée radicale, n’hésitant pas à prendre pour cible des civils innocents. Un personnage réel et encore vivant (il est en prison en France, à la Santé), honni par beaucoup et célébré par d’autres. Un sujet difficile, délicat à traiter tant de multiples pièges guettent le scénariste et le réalisateur qui se risquent à en faire un film. Associé à Dan Frank pour le scénario, Olivier Assayas les évite tous, et son film (en version cinéma ou télé) s’avère en tout point digne du plus grand intérêt. Avec dans le rôle principal un Edgar Ramirez qu’a récompensé l’Oscar du meilleur espoir masculin, Carlos opère une reconstitution d’époque soignée. Il recrée aussi et surtout l’atmosphère des ces années, le contexte dans lequel ont pu évoluer la personnalité de Carlos, ses engagements, ses méthodes. Et si Assayas est parti d’un très important travail de recherche et de documentation, il ne s’est pas privé de recourir à la fiction au moment d’aborder les assez nombreuses zones d’ombre persistant dans la trajectoire sanglante du personnage central de son film. Mais toujours avec beaucoup de rigueur.

Louis Danvers

CARLOS, FILM BIOGRAPHIQUE D’OLIVIER ASSAYAS. AVEC EDGAR RAMIREZ, ALEXANDER BEYER, ANNA THALBACH. 2010. ****

Ce jeudi 20 octobre à 20h40 sur Arte.

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