Critique

À la télé ce vendredi soir: Romy Schneider, à fleur de peau

Romy Schneider © DR
Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

« Tout le monde aimait Romy Schneider », assène Jean-Loup Dabadie, en écho à l’une des plus célèbres répliques de César et Rosalie. Pourtant, pour la génération Y et ses suivantes, Romy Schneider n’évoque souvent qu’une image floue.

Difficile, en tout cas, pour les moins de 35 ans de se figurer l’impact que l’actrice allemande, tragiquement décédée en 1982, put avoir sur son époque. Le film de Bertrand Tessier, rythmé par la voix de la trop rare Alexandra Vandernoot, nous éclaire sur le parcours d’une comédienne hors du commun, révélée au grand public à 16 ans par une bluette en costumes.

Sissi sort en 1955. Et accouche de deux suites, coup sur coup. Prisonnière d’une image lisse, nunuche, quasi ennuyeuse, Romy Schneider fait la rencontre d’Alain Delon sur le tournage de Christine. Moment décisif. Elle quitte l’Allemagne et sa mère Magda, comédienne et sympathisante nazie, objet d’une révolte idéologique qui poussera notamment Romy à prénommer ses futurs enfants David et Sarah… Rapidement expédié en fin de documentaire, cet aspect aurait pu justifier à lui seul un film entier, tant les rapports entre sa mère et Hitler semblaient torturer Romy Schneider.

Une Romy qui, très jeune, s’engouffre donc dans le sillage d’Alain Delon, alors en pleine ascension. Leur idylle affole la presse people et drague une charge symbolique importante, celle d’une réconciliation franco-allemande plutôt bienvenue dans une période où les rancoeurs de guerre ont la dent dure. Viennent ensuite Hollywood, la rupture avec Delon, le mariage avec l’intellectuel allemand Harry Meyen ou le retour sous les feux de la rampe grâce à La Piscine. Et ces images assez effarantes d’un Delon venu attendre son ex-compagne sur le tarmac de l’aéroport, les retrouvailles n’échappant pas aux multiples caméras convoquées pour immortaliser l’événement. « Vous êtes heureuse de revoir Alain Delon? » Surréaliste.

La Piscine, mise en abyme d’une relation passionnelle qui unissait encore quelques années auparavant les deux acteurs, va donner un second souffle à la carrière de Romy Schneider. Laquelle, dans la foulée, trouve son pygmalion en la personne de Claude Sautet. Les Choses de la vie et César et Rosalie placent définitivement la comédienne au centre du paysage cinématographique français. Romy Schneider est une star. Dans toute l’Europe. Mais l’ascension, comme dans toutes les tragédies, atteint une limite au-delà de laquelle va s’épanouir le drame. De plus en plus dépressive, insécurisée, ultra-sensible, la comédienne fait face, en l’espace de quelques années, à la mort de son fils, au suicide de son ex-mari et à son divorce, autant d’événements qui la laissent exsangue, en perdition, au point d’ingérer, sans que l’on sache exactement dans quelles circonstances, un cocktail fatal de médicaments et d’alcool… Elle avait 44 ans.

Classique dans son approche chronologique et dans son enchaînement d’images d’époque et de témoignages (Bertrand Tavernier, Jean-Claude Carrière, etc.), le film de Bertrand Tessier compense ce manque d’audace par un sujet fort. Dans l’ascension comme dans la chute.

  • Romy Schneider, à fleur de peau, documentaire de Bertrand Tessier.
  • Ce vendredi 20 septembre à 22h35 sur La Une.

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