Critique

À la télé ce samedi soir: Kraftwerk Pop Art

Les quatre membres de Kraftwerk aux synthétiseurs lors d'une performance à la Tate Gallery of Modern Art de Londres pour l'album "Radioactivity", 1975. © Peter Boettcher 2013/Kraftwerk
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

A l’époque du glam rock et des hippies, ils portaient les cheveux courts, des costumes cravates et chantaient en allemand des hymnes industriels. Pionniers de l’électronique, les Allemands de Kraftwerk ont révolutionné dans les années 70 l’Histoire de la musique.

En avance sur leur temps, visionnaires, les Teutons ont inventé le son du futur en se projetant à l’ère du tout numérique. Prédit une société où les ordinateurs nous relieraient au monde. Mis en musique, avec Computer World, une machine perçue comme un outil de surveillance aux mains d’un Etat oppresseur. Annoncé avec leurs textes la contraction du langage et la concision des sms à venir… Au point qu’ils sont aujourd’hui aux yeux et aux oreilles de certains plus influents et plus importants que les Beatles.

C’est ce que s’attache à démontrer le documentaire de Simon Witter et Hannes Rossacher. Bâti sur des images d’archives et des extraits de concerts, rythmé par les interventions de leur remixeur François Kevorkian, de l’élogieux Derrick May, du bassiste de Can Holger Czukay (Kraftwerk a commencé en faisant du krautrock), du graphiste et directeur artistique Neville Brody, de leur photographe Peter Boettcher ou encore du journaliste Paul Morley, Kraftwerk Pop Art raconte un groupe qui est parvenu à opérer la synthèse entre la pop commerciale et l’avant-garde. A jeter un pont entre le dadaïsme, le constructivisme et la musique moderne… Depuis la rencontre d’un fils de médecin et d’un gamin d’architecte en 1968 lors d’un cours d’impro au conservatoire de Dusseldorf jusqu’à leurs concerts à la Tate Modern de Londres en février 2013.

Kraftwerk, qui a refusé toutes les offres de collaboration, même celle de Michael Jackson, a balayé le cliché d’une musique froide et sans âme. Et il n’a pas seulement ouvert la porte au Bowie berlinois, à Jean-Michel Jarre, Depeche Mode et Daft Punk ou profondément marqué le rap. Il a aussi questionné la communication, la coexistence entre l’homme, la nature et la technologie… « Son travail est une réflexion sur la musique pop et le show-business. Interroge le destin de l’oeuvre d’art quand elle devient un objet fabriqué en série », nous dit-on encore dans ce docu bien ficelé et philosophe… Pour info, du 16 au 23 janvier prochain, Kraftwerk revisitera sa discographie en 3D à Amsterdam au rythme d’un album par soir.

  • DOCUMENTAIRE DE SIMON WITTER ET HANNES ROSSACHER.
  • Ce samedi 15 novembre à 23h20 sur Arte.

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