Portrait de Wim Willaert, star en Flandre et méchant de la série Netflix Undercover

Wim Willaert incarne Laurent Berger dans Undercover, un patron de ranch pour le moins ambigu.
Philippe Manche Journaliste

Il est l’un des « méchants » de la deuxième saison de Undercover. Homme de théâtre, musicien et comédien, Wim Willaert est devenu une star en Flandre depuis le succès de la série Eigen kweek. Atypique, instinctif, lunaire et attachant, il est également membre de la Cloud Appreciation Society, dont le but est de favoriser la compréhension et l’appréciation des nuages.

On a parfois coutume de dire en rigolant que se retrouver de l’autre côté de la barrière linguistique s’apparente en quelque sorte à passer le Rio Grande. Trente minutes de train au départ de Bruxelles plus tard, la scène est quelque peu surréaliste. À peine a-t-on retrouvé Wim Willaert à la terrasse d’un estaminet en face de la gare de Gand et commandé un verre de vin rouge que deux adolescents sollicitent ce solide gaillard né à Nieuport le 19 mars 1967 pour immortaliser la rencontre via le traditionnel selfie. Une dizaine de minutes plus tard, un jeune homme fait mine d’allumer un joint en jetant un regard facétieux à celui qui a remporté le Bayard d’Or du meilleur comédien pour Quand la mer monte… de Yolande Moreau et Gilles Porte en 2004 et le Magritte du meilleur acteur pour son rôle dans Je suis mort mais j’ai des amis des frères Malandrin en 2016. Un autre lui criera un peu plus tard un « Mercikes » dans un fou rire non feint. L’objet de ce culte -n’ayons pas peur des mots- n’est pas dû à la deuxième saison d’ Undercover (disponible actuellement sur Netflix, lire la critique) où Wim Willaert interprète Laurent Berger. Propriétaire d’un ranch dont il se sert comme couverture, il gère avec son frère un trafic d’armes à l’échelle internationale. Non, non. Si Wim attire autant la sympathie, c’est pour son rôle de Frank Welvaert dans Eigen kweek (trois saisons), soit l’histoire d’un cultivateur de pommes de terre de Flandre occidentale et de sa famille reconvertis dans le commerce plus lucratif de cannabis.

« J’étais à Angoulême et je travaillais sur le film d’animation de Jan Bultheel, Cafard, lorsque la série a explosé en automne 2013 et c’est tout de suite devenu la folie, se souvient Wim Willaert. Les gens sont gentils, ce n’est pas le problème; mais c’est très étrange et ce n’est pas normal de voir les regards changer du jour au lendemain. On regarde ce que tu achètes dans ton caddie au supermarché, ce que tu manges au restaurant ou quelle sauce tu mets sur tes frites et c’est aussi pour ça que j’étais content de faire Undercover. Bien sûr le scénario est excellent et les comédiens aussi mais je peux surtout montrer que je suis capable de jouer quelqu’un d’extrêmement gentil en apparence mais qui est une véritable crapule.« 

Parcours pour le moins atypique que celui du petit dernier d’une fratrie de cinq enfants (trois soeurs, un frère) né de parents instituteurs à Nieuport. S’il qualifie son enfance d' »heureuse« , en faisant le tour de la question plus profondément, Wim avoue toutefois que ce n’était pas simple de grandir avec un grand frère qui le détestait -« Il s’est excusé bien des années plus tard« – et trois frangines qui faisaient bloc. Hyperactif autant qu’hypersensible, Wim trouve sa place en classe s’imposant rapidement comme « le clown de service« .

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À l’accordéon

Son salut, c’est devant l’écran de télévision -dont il est complètement accro- qu’il le trouve. « Je regardais des émissions pour enfants sur la BBC et c’est grâce aux quatre chaînes anglaises qu’on captait à la côte que mon anglais est meilleur que mon français. Je n’ai quasiment pas lu. La musique est venue plus tard. Et les films, c’est pareil, je me souviens juste avoir vu les six heures du Napoléon d’Abel Gance ou The Fly, la série B de Kurt Neumann. » Wim garde de ses humanités des souvenirs diffus, des amourettes et quelques cuites homériques chez deux frères, fils de médecin, dont il était proche quand les parents étaient aux sports d’hiver. Il balaie assez vite ses deux années de droit à Gand, où il redouble sa première avant d’atterrir à Anvers, sur la suggestion d’un ami, au Studio Herman Teirlinck. « C’était comme dans le film Fame. Tu pouvais faire des claquettes, jouer d’un instrument de musique ou faire de la danse classique. C’était très intense et j’ai eu la chance de redoubler ma première avec Wim Opbrouck (comédien et présentateur de l’émission de téléréalité sur Vier Bake off Vlaanderen, NDLR) qui m’emmenait voir des expos au MuKHA ou assister à des ballets de Wim Vandekeybus. Et comme je me suis rendu compte que j’avais beaucoup de retard en tout, je me suis imposé comme primitif, comme quelqu’un de brut et j’en ai fait ma propre philosophie. »

Wim Willaert comptabilise aujourd’hui une vingtaine d’années de cinéma (une quinzaine de longs, dont Ex Drummer de Koen Mortier, et une vingtaine de courts, dont le petit dernier, La Renverse de Christine Grulois), il a aussi travaillé huit ans comme comédien de théâtre avant de rencontrer lors d’un spectacle Peter Vermeersch (X-Legged Sally) et intégrer sa fanfare déjantée de Flat Earth Society avec laquelle il a tourné pendant quinze ans en jouant d’un accordéon électrifié. « Le cinéma est venu par hasard… » Aujourd’hui, cet insatiable curieux de tout prépare un livre illustré sur les nuages, ouvrage qu’il espère sortir pour les fêtes. « C’est une belle métaphore pour exprimer les choses, les nuages. On peut les prendre en photo ou les dessiner mais pas les mesurer. Quand je lis un scénario, c’est comme si j’avalais un nuage. Je lis le script dans sa globalité en acceptant qu’il peut bouger, que rien n’est définitif. » Et poète, avec ça!

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