À la télé cette semaine: Le Lauréat, Wrong Elements, La Vérité sur l’affaire Harry Québert…

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Notre sélection télé pour la semaine du 17 au 23 novembre.

Malinconico autunno

Mélodrame de Raffaello Matarazzo. Avec Amedeo Nazzari, Yvonne Sanson, Mercedes Monterrey. ***

Dimanche 18/11, 00h25, France 3.

À la télé cette semaine: Le Lauréat, Wrong Elements, La Vérité sur l'affaire Harry Québert...
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Si Hollywood sut entretenir avec brio la flamme du mélodrame flamboyant (Douglas Sirk en fut le maître), le cinéma italien ne fut pas en reste, même si ses créations dans le genre connurent moins de résonance internationale. La preuve par cette rareté de 1958, exhumée par le ciné-club de France 3 et qui porte la signature de Raffaello Matarazzo. C’est l’histoire d’un gamin orphelin de père, qui se cache à bord d’un bateau. Le capitaine, s’en apercevant, le ramène chez lui, où il fera connaissance de la mère du garçonnet. On devine vite que le marin tombera amoureux de la mère… Sans doute Malinconico autunno (« automne mélancolique ») n’a-t-il pas spécialement bien vieilli. Au point parfois de faire sourire quand il voudrait faire pleurer. Mais sa programmation n’en est pas moins une bonne nouvelle cinéphile. Et un rappel du talent de Raffaello Matarazzo, réalisateur d’origine napolitaine ayant tourné une quarantaine de films. Pour la petite histoire, on lui doit d’avoir, le tout premier, sollicité Nino Rota pour une musique de cinéma. L.D.

Le Lauréat

Comédie dramatique de Mike Nichols. Avec Dustin Hoffman, Katharine Ross, Anne Bancroft. 1967. ****(*)

Lundi 19/11, 20h50, France 5.

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Avec l’Oscar du meilleur réalisateur (et trois autres nominations: meilleur film, meilleur acteur, meilleure actrice) et un grand succès commercial, Le Lauréat s’imposa d’emblée comme un des films phares de la seconde moitié des années 60. Cette histoire d’un jeune diplômé (Dustin Hoffman) passant quelques jours de vacances chez ses parents en Californie, et y cédant aux avances d’une amie de ceux-ci (Anne Bancroft) avait de quoi troubler et même choquer certains à la veille de 1968 et de son élan de libération sexuelle autant que politique. Face à deux acteurs de très haut niveau, Katharine Ross incarne fort bien la fille de Madame Robinson… et en même temps sa rivale! La chanson du titre, composée et interprétée par le duo Simon & Garfunkel, fit elle aussi un triomphe. À revoir ou à découvrir, Le Lauréat garde toute son ironique pertinence, un demi-siècle après sa sortie. L.D.

Wrong Elements

Documentaire de Jonathan Littell. ***(*)

Lundi 19/11, 21h05, La Trois.

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Prix Goncourt 2006 avec Les Bienveillantes, Jonathan Littell signe un document fort sur les enfants soldats d’Ouganda. Dirigé depuis 1986 par Yoweri Museveni, l’ancien opposant au dictateur Amin Dada, le pays a été aux prises, au nord, avec une redoutable guérilla menée par un chrétien fondu, Joseph Kony, et soutenue en coulisse par le régime islamiste du Soudan. Cette « Armée de résistance du Seigneur » est aujourd’hui en débandade, son leader traqué, mais ses raids sanglants ont laissé des dizaines de milliers de morts et enlevé 60 000 enfants en 25 ans pour gonfler ses rangs. Trois d’entre eux -Mike, Geoffroy et Nighty- sont suivis alors qu’ils rentrent chez eux, adultes. Les atrocités qu’ils ont vécues ou causées les hantent à mesure qu’ils remontent le chemin de leur mémoire. Plutôt que d’adopter une perspective historique, Littell privilégie une approche presque sociologique: derrière chaque monstre, il y a un être humain. Aucun schème, aucune fatalité, aucun système n’occulte la rencontre entre ces individus et ce « Mal » qu’ils ont contracté et qui les a menés au pire. Dans ce documentaire troublant, à la perspective originale mais qui apporte peu de réponses d’ordre éthique ou moral, la vision d’une enfance réduite en bouillie, en machine à tuer et la prise de conscience de celles et ceux qui l’ont traversée, a quelque chose de bouleversant et d’édifiant. N.B.

Boutiques obscures

Série documentaire de Patrice Leconte. ***(*)

Lundi 19/11, 23h50, France 3.

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En poussant la porte du Bazar bleu à Montrichard, en Touraine, Patrice Leconte comprend que le temps de ce petit magasin de jouets à la façade décrépite est compté. Comme celui d’ailleurs de nombreux autres petits établissements. Cette prise de conscience a donné au réalisateur des Bronzés « l’envie de filmer ces boutiques provisoires et ces commerçants qui contre vents et marées continuent d’y croire malgré Internet et les grandes surfaces« . Dans le premier épisode de sa série documentaire, il y a Lisa, 94 ans. Lisa qui, à une certaine époque, a mené la grande vie, dépasse encore les 200km/h sur autoroute et tient toute seule un petit restaurant d’une dizaine de couverts (Le Relais de Bavière) à Issy-les-Moulineaux, où des habitués la maintiennent en vie. On se rend aussi en Normandie chez René, 95 balais. Le plus vieux coiffeur de France, peut-être même du monde. Et à Rouen dans la bouquinerie de Joseph. Un ogre attachant qui n’a plus été se faire couper les tifs depuis quinze ans… Avec le ton de la télé d’antan, Boutiques obscures raconte à la fois des commerces et des vies. Des lieux et des gens. Attachant. J.B.

24 Frames

Documentaire d’Abbas Kiarostami. ****

Lundi 19/11, 00h15, Arte.

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Depuis que la technologie permet d’animer à l’écran photographies et oeuvres illustres de la peinture, l’exercice est devenu courant, un exercice imposé, même, dans nombre de productions documentaires ou des travaux d’écoles d’art visuel. Donner vie par le son et le mouvement aux images prétendues « fixes » revêt alors soit une fonction gadget, soit une mission de mise en perspective d’une oeuvre prolongeant la fascination au-delà de l’instant fugace de sa composition. Les 24 images proposées par Abbas Kiarostami appartiennent plutôt à ce second temps. Étonnants documents visuels mis bout à bout par le réalisateur iranien décédé en juillet 2016, qui, de Où est la maison de mon ami? à Like Someone in Love, en passant par Le Goût de la Cerise ou Copie Conforme, a démontré ses qualités d’orfèvre de la composition et du cadrage ainsi que la dimension contemplative de ses images. 24 Frames démarre pourtant par le tableau de Pieter Brueghel l’Ancien, Chasseurs dans la neige(1565), comme un avant-propos programmatique. Les intempéries qu’il fait tomber sur l’oeuvre du peintre flamand préfigurent le mouvement qui va traverser les autres tableaux, des photographies et peintures de la main de Kiarostami lui-même: un cheval qui gambade dans la neige, vu depuis l’intérieur d’une voiture, une usine survolée par des oiseaux, un lion et sa lionne en pleins ébats sous la pluie, une plage-bidonville abandonnée visitée par de curieux canards. Écrans verts, animations 3D discrètes et en harmonie avec le fond viennent en réalité approfondir les photos et les tableaux plus qu’ils ne les commentent ou ne les usent pour leur simple effet de sidération. Dans cet univers onirique où se succèdent des émaux cinématographiques de quatre minutes, Kiarostami questionne le pouvoir des représentations, raconte avec une infinie et tendre mélancolie l’angoisse du temps qui passe, la vie qui ne tient qu’à un fil, l’absence, les terres désertées, transformées, défigurées et la vie qui s’immisce malgré tout dans leurs anfractuosités. N.B.

Les Survivantes de Boko Haram

Documentaire de Gemma Atwal et Karen Edwards. ****

Mardi 20/11, 20h50, Arte.

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On aimerait bien, dans le fond de son coeur, que cesse cet enchaînement de documentaires relatant les horreurs perpétrées envers les femmes de par le vaste monde, au nom d’un dieu, d’un émirat, de l’accaparement de terres rares, de la domination masculine… Et pourtant, les histoires et les témoignages ne sont pas épuisés, loin de là. Ainsi des femmes et des filles nigérianes prises dans les griffes de Boko Haram, prisonnières d’un enfer qui se tapit dans l’angle mort d’un conflit inépuisable. « Le 14 avril 2014, le mouvement salafiste, terroriste et insurrectionnel Boko Haram kidnappe 276 adolescentes dans un lycée chrétien de Chibok, au nord du Nigeria, avant de les séquestrer dans la forêt de Sambisa ». Après quatre ans d’une mobilisation internationale sous le hashtag #Bringbackourgirls, 103 sont relâchées, placées dans un refuge à Abuja, la capitale. Gemma Atwal et Karen Edwards ont eu accès, pour la première fois, à ces survivantes pas encore libérées de l’horreur. Margret, Hannatu, et tant d’autres tentent de recoller les morceaux, de se reconstruire malgré l’obligation, pour protéger celles qui sont encore entre les mains des bourreaux, de ne pas nommer les conditions de leur captivité. On y parle de femmes transformées en bombes humaines, d’évasions in extremis un bébé entre les bras, fruit d’un mariage forcé… Ces portraits plein de dignité, mis en scène avec force, compassion et combativité illustrent la lutte permanente entre deux puissances: la résilience et la destruction systémique des femmes. N.B.

Comment vivre jusqu’à 120 ans?

Magazine présenté par Adriana Karembeu et Michel Cymes. ***(*)

Mardi 20/11, 21h00, France 2.

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Quoi manger? Quelle activité physique exercer? Comment gérer son cerveau et faire face au stress? Dans cette nouvelle émission des Pouvoirs extraordinaires du corps humain, la mannequin Adriana Karembeu et le médecin le plus drôle du PAF Michel Cymes partent à la recherche de tous les moyens qui nous permettront de vieillir jeunes et -objectif raisonnable, sourient-ils- d’atteindre les 120 ans en bonne santé. On parle surf, yoga et réalité virtuelle. On apprend qu’on a le contrôle presque général de ce que va raconter notre code génétique, qu’avoir des relations sexuelles régulières a les effets d’un traitement contre l’anxiété et la dépression au long cours et que notre espérance de vie (on parle aussi de son évolution) est liée à notre vitesse de déplacement… Un programme scientifique et ludique pour vous convaincre qu’on peut tous prolonger la durée de notre existence. J.B.

Les Damnés du climat

Documentaire de Thomas Aders. ***(*)

Mardi 20/11, 22h45, Arte.

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« Si nous investissons dans la réduction des gaz à effet de serre, dans la prévention des catastrophes et dans l’adaptation aux changements climatiques, estime un spécialiste, le nombre de réfugiés sera certes considérable mais il restera limité. Si nous ne faisons rien, ce seront des millions, voire des centaines de millions de personnes qui devront fuir. » Sécheresses, inondations, ouragans… Quartiers et maisons grignotés par la montée des eaux, lacs asséchés (le lac Tchad, quatrième plus grande réserve d’eau douce d’Afrique, a perdu en 40 ans 90% de sa surface) et récoltes dévastées… À l’horizon 2050, beaucoup (personne ne sait encore combien) devront tout abandonner, quitter leur chez-soi et en trouver un autre, chassés par les effets d’une nature déréglée. Du Sahel à la Sibérie en passant par l’Indonésie, le documentaire de Thomas Aders constate et se projette. Luttera-t-on pour l’eau et l’air? Jusqu’à quel point devra-t-on modifier notre mode de vie? En sera-t-on seulement capables? Un docu sobre mais particulièrement interpellant, avec des images -réalisées sans trucages- parfois dignes de Game of Thrones J.B.

La Vérité sur l’affaire Harry Québert

Minisérie créée par Jean-Jacques Annaud. Avec Patrick Dempsey, Kristine Frøseth, Ben Schnetzer, Virgina Madsen, Damon Wayans Jr, Victoria Clark. ***

Mercredi 21/11, 21h00, TF1.

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Le réalisateur de Coup de Tête, La Guerre du feu, Le Nom de la Rose et Stalingrad, complète sa filmographie hétéroclite par un exercice inédit pour lui: une série télé. Adapté du best-seller de Joël Dicker sorti en 2012, La Vérité sur l’affaire Harry Québert donne les traits de l’ancien professeur d’université à Patrick « Grey’s Anatomy » Dempsey. Tête de gondole d’un étrange attelage, à la fois dans son casting, son mode de production, sa réalisation et son style, l’acteur semble pantoufler dans ce rôle de mentor qui reçoit, dans sa propriété reculée du New Hampshire son ancien étudiant Marcus Goldman (Ben Schnetzer), écrivain angoissé par la page blanche avant d’être arrêté par la police, pour le meurtre, 33 ans plus tôt, de la jeune Nola. L’enquête que mène Marcus et, par son truchement, Annaud, faite de flashbacks, de plans depuis des drones et d’esthétique de série B tout droit sortie de la télé frissonnante d’érotisme et de suspense des années 90, ressemble à un patchwork d’influences et une succession d’emprunts dressée comme une check-list. Une déception et un passe-temps. N.B.

Les Cobayes du cosmos: confidences d’astronautes

Documentaire de Jean-Christophe Ribot. ***(*)

Jeudi 22/11, 20h50, France 5.

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Scandé par des plans sublimes de la Terre et de Mars pris depuis l’espace, alternant avec des images d’archives au coeur de la préparation des astronautes et remontant parfois à plus de 50 ans, ce documentaire aborde la question inédite de la médecine spatiale. Elle se développe depuis que l’Homme a fait de la conquête de l’espace une de ses priorités. Mais depuis quelques années, elle prend un tour nouveau, alors qu’une probable exploration de Mars se profile à un horizon de 30 ans. Notre organisme peut-il encaisser de tels voyages, s’adapter? Va-t-il subir un vieillissement accéléré, des atrophies musculaires, un ralentissement des fonctions cérébrales? Parcourant la liste de ces « désagréments du voyage », les experts scientifiques, pas uniquement de la Nasa, ainsi que les astronautes retracent les expériences passionnantes en marge et au coeur du périple spatial. Ces « Cobayes » manient le suspense, la contemplation et un peu d’humour (le meilleur remède à l’angoisse) dans la traversée pédagogique de cette probable Nouvelle Frontière. N.B.

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