À la télé cette semaine : Barry, Le syndrome chinois, Le bureau des légendes…

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Notre sélection télé pour la semaine du 27 octobre au 02 novembre.

Le Bureau des légendes (saison 4)

Série créée par Éric Rochant. Avec Mathieu Kassovitz, Jean-Pierre Darroussin, Léa Drucker, Sara Giraudeau, Mathieu Amalric. ****

Samedi 27/10, 20h30, Be Series

À la télé cette semaine : Barry, Le syndrome chinois, Le bureau des légendes...
© DR

L’agent Guillaume Debailly, alias Malotru (Mathieu Kassovitz), sorti d’une saison éprouvante mais pas encore de l’auberge, s’est réfugié à Moscou. La CIA et la DGSE voudraient lui mettre le grappin dessus. Pris dans un odieux marché, il doit négocier avec les services secrets russes. Ils sont au coeur d’une opération menée par le Bureau des légendes et sa nouvelle directrice, Marie-Jeanne (Florence Loiret-Caille), chargés de traquer de vicieux hackers, et qui planifient l’envoi d’une taupe pour déjouer leurs plans. C’est sans compter sur le nouveau directeur de la sécurité interne de la DGSE, l’inquiétant JJA (Mathieu Amalric), chargé de mettre de l’ordre dans le Bureau. Si la cyberguerre, actualité oblige, trouve un écho particulièrement bien construit -abordé sans les lourdeurs habituelles-, la quatrième saison poursuit les missions en Syrie et s’attarde sur les ruines laissées par le retrait de Daech. Toujours magistral quand il s’agit de s’emparer des enjeux géopolitiques, des combines du pouvoir et des rivalités toxiques de l’espionnage,Le Bureau des légendes parvient à faire rentrer le réel dans la fiction sans trop l’édulcorer ni le travestir. Le rôle de JJA est inspiré d’un certain James Jesus Angleton, qui a porté la terreur à la tête du contre- espionnage américain durant 20 ans. Ça promet. N.B.

Le Labyrinthe secret de Namoroka

Documentaire de Jean-Michel Corillion. ****

Samedi 27/10, 20h50, Arte

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C’est une image frappante, récurrente dans les beaux livres louant les merveilles cachées ou les trésors inaccessibles de la planète. Le survol du parc national de Namoroka, dans le nord-ouest de Madagascar, offre des vues spectaculaires de ces formations géologiques nées il y a 160 millions d’années, canyons escarpés plongeant dans une jungle mystérieuse: les « tsingy ». Le documentaire suit la première expédition scientifique partie explorer cette terra incognita -22 chercheurs, botanistes, experts en insectes et reptiles. Le résultat montre une faune et une flore insoupçonnées, mais aussi tout ce qu’il a fallu surmonter comme obstacles pour mener la mission à bien. Ce lieu étant menacé au même titre que la biodiversité de l’île, la découverte de nouveaux insectes, de plantes aux vertus thérapeutiques mais aussi le drame d’un incendie ravageant une partie de ce jardin d’Éden produisent de vives émotions et un suspens patiemment construit. Et font de ce film une oeuvre naturaliste d’une grande valeur pédagogique. N.B.

Pop M!

Magazine présenté par Cathy Immelen.

Samedi 27/10, 21h10, La Deux

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Clap première. Ce samedi, la RTBF inaugure sur l’antenne de La Deux sa nouvelle émission hebdomadaire de Pop Culture. Décryptage fun des médias, repérage des tendances en matière de pratiques culturelles… Pop M! racontera la story de la loterie, des Simpsons et du Monopoly, tirera le portrait du mec qui a écrit les chansons de Britney et de l’inventeur de la téléréalité. Elle zoomera sur l’émission ou la série du moment et dressera le top 3 des personnalités qui ont fait l’actu de la semaine… Pour son premier numéro, le maga présenté par la Madame Cinéma du service public Cathy Immelen décodera le phénomène déco 2.0, rendra visite à la star de Ni juge ni soumise Anne Gruwez, se promènera à la coupe de Belgique de scrabble et se penchera sur La Casa de Papel, les tatouages moches ou encore les émissions de cuisine. Le programme sera également disponible via Instagram, YouTube et Auvio. J.B.

Picasso, Braque & Cie – La révolution cubiste

Documentaire de Frédéric Ramade. ***(*)

Dimanche 28/10, 17h35, Arte

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© © Morgane production

Montmartre. Le XXe siècle est jeune et sur la butte de la capitale française, la pauvreté côtoie le génie. Deux jeunes peintres, Pablo Picasso et Georges Braque, 22 et 26 ans, s’apprêtent à donner un nouveau souffle à une peinture où les impressionnistes règnent en maître et qui doit affronter la concurrence de la photographie. L’acte qu’ils posent est radical: ils vont exploser le cadre de la figuration, de la ressemblance, faire dialoguer le noble et le vulgaire, le trivial et l’intemporel. Né d’un bon mot dénigrant de Matisse qui se rit des « petits cubes »de Braque, le cubisme va pourtant enclencher une petite révolution picturale annonçant l’art contemporain et l’irriguant pour des décennies. On croise dans ce documentaire, construit comme une enquête historique minutieuse et une étude comparative de l’avant-garde, Apollinaire, chargé d’écrire les éloges des deux nouveaux peintres, et le marchand d’art Daniel-Henry Kahnweiler, qui va porter la nouvelle transgression aux yeux du monde. N.B.

Le Syndrome chinois

Drame de James Bridges. Avec Jane Fonda, Jack Lemmon, Michael Douglas. 1979. ****

Lundi 29/10, 20h55, Arte

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© © 1979 Columbia Pictures Ind.

On parle de « syndrome chinois » quand un réacteur atomique en fusion voit ses éléments combustibles percer la paroi de protection (l’enceinte de confinement) et s’enfoncer inexorablement dans le sol. C’est, en matière de catastrophe nucléaire, la pire des hypothèses envisageables… Sorti voici une quarantaine d’années, le film empruntant son titre au phénomène a marqué son époque et conserve aujourd’hui une actualité certaine. Le scénario imagine qu’une journaliste, présente dans une centrale américaine pour un documentaire, y est témoin d’un incident dont la gravité va se révéler bien pire que ne le soutient la version officielle. Jane Fonda incarne l’héroïne du film, qui va vouloir en savoir plus. L’actrice au sommet de son charisme et de sa détermination n’est pas pour rien dans le grand succès public remporté par Le Syndrome chinois. Jack Lemmon (prix d’interprétation au Festival de Cannes) et Michael Douglas (également producteur du film) lui donnent une excellente réplique, dans un spectacle prenant qui est aussi un cri d’alerte. L.D.

De haute lutte

Documentaire de Maurice Ferlet et Carole Leeman. ***(*)

Mardi 30/10, 20h30, Be1

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Ce n’est pas le sport le plus médiatisé. A fortiori quand il est pratiqué au féminin. C’est dans le Nord, durant les années 70, que les premières femmes ont été autorisées à pratiquer la lutte. Le documentaire de Maurice Ferlet et de Carole Leeman a pour cadre Boulogne-sur-Mer et ces quartiers qu’on dit souvent compliqués. Lise Legrand, médaillée aux Jeux olympiques d’Athènes, et son mari David, y dirigent l’Entente Lutte Côte d’Opale. Enthousiastes, dynamiques, ils font connaître leur sport dans les écoles (au plus grand bonheur du corps professoral), sortent les gosses de la rue et brisent les idées reçues. Non, la lutte n’est pas une discipline de sauvages. Oui, elle a des vertus apaisantes et pédagogiques. Elle aide à connaître son corps et réapprend aux gens à se toucher… Tout en brossant le portrait du couple qui fait tout pour rendre sa passion accessible au plus grand nombre, De haute lutte se promène de l’entraînement aux compétitions, de la Côte d’Opale et un stage en Hongrie, pour suivre Pauline, médaillée aux championnats de France senior, ou encore Laurie, qui fait de l’asthme et n’a pas beaucoup confiance en elle. Un docu simple et sobre pour découvrir une discipline encore trop méconnue. J.B.

Le Funeste Destin du docteur Frankenstein

Documentaire de Jean Froment et Jérôme Perrault. ***(*)

Mercredi 31/10, 23h05, Arte

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1816, année de grandes perturbations climatiques. En Suisse, il neige au mois de juin et l’obscurité tombe à midi… Mary Wollstonecraft Godwin, une jeune Anglaise d’apparence sage et réservée qui a fui le domicile paternel à seize ans avec son amant et futur mari (Percey Shelley), relève un défi littéraire de leur ami Lord Byron: écrire une histoire d’épouvante, un conte gothique… Elle imagine l’histoire d’un étudiant en médecine, Victor Frankenstein, qui rêve de protéger l’homme de la maladie et de la souffrance, et va créer un être vivant à partir de morceaux de cadavres trouvés dans des cimetières et des morgues. Le documentaire de Jean Froment et Jérôme Perrault tire le portrait de Mary Shelley, raconte son mythe visionnaire du corps reconstruit et replace Frankenstein dans son contexte historique, scientifique et social. Pourquoi Frankenstein est-il hideux? Jusqu’où la science peut-elle aller? Un docu intelligent sur le roman fondateur de la science-fiction moderne. J.B.

Frankenstein Junior

Comédie de science-fiction de Mel Brooks. Avec Gene Wilder, Marty Feldman, Peter Boyle. 1974. *****

Mercredi 31/10, 00h00, Arte

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On doit à Mel Brooks deux chefs-d’oeuvre absolus de la comédie: Les Producteurs et Frankenstein Junior. L’acteur Gene Wilder se déchaîne dans les deux. Ici, c’est dans le rôle de Victor Frankenstein, jeune savant épris d’expérimentations et qui rêve de créer la vie. On sait, depuis Mary Shelley et son roman gothique, qu’il utilisera l’électricité des éclairs pour animer un monstre fait de morceaux de cadavres… Dans la peau de la créature, Peter Boyle signe une performance certes moins impressionnante que celle de Boris Karloff dans le Frankenstein de James Whale, mais tout aussi mémorable par le biais du rire. Car on s’amuse, follement, au spectacle inspiré que nous offre Mel Brooks, en mode satirique mais jamais irrespectueux avec son très beau noir et blanc. On s’écroule particulièrement devant l’ouragan burlesque qu’est à lui seul Marty Feldman. L’humoriste anglais trop tôt disparu campe un Igor hallucinant de génie comique! L.D.

Barry

Série créée par Alec Berg et Bill Hader. Avec Bill Hader, Sarah Goldberg, Stephen Root, Glenn Fleshler. ****

Jeudi 01/11, 20h30, Be1

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Les tueurs à gages occupent le devant de la scène cet automne sur Be TV. Après l’excellent Killing Eve de Phoebe Waller-Bridge, c’est au tour de Barry (sorti au printemps dernier sur HBO) d’aligner les victimes dans une série à l’humour noir et corrosif. Barry Berkman est un vétéran des Marines en Afghanistan, reconverti en porte-flingue à la petite semaine, faute de mieux. Son agent, Fuches, lui trouve des boulots pas très reluisants aux quatre coins des États-Unis. Entre deux coups, Barry vit dans un appartement miteux du Midwest. Ça sent l’ennui et le cafard, jusqu’à ce que Fuches lui propose un contrat à Los Angeles, pour tuer un bellâtre coach sportif, amant de la femme d’un chef mafieux tchétchène. Alors qu’il le file jusque dans son cours de théâtre, Barry est pris dans un enchaînement de quiproquos au terme duquel il se trouve enrôlé avec les autres aspirants comédiens, qui l’accueillent à bras ouverts. Pas franchement raccord avec son emploi du temps, sa nouvelle passion va l’amener à changer de vie, à bazarder les gros bras cassés tchétchènes, son agent, son identité et à tromper la vigilance de la police…

Bill Hader y trouve un grand rôle, presque un contre-emploi, où l’ancien taulier de Saturday Night Live peut sortir de son registre comique cabotin (où il brille) pour entrer dans la peau de ce tueur dépressif, qui traîne un spleen collant comme une chique et tire la plupart du temps une trogne comme s’il souffrait d’entérite chronique. Affûté quand il s’agit d’aligner ses victimes, affronter les mafieux ou les dealers, il fond comme le beurre devant sa camarade de cours Sally (Sarah Goldberg), archétype de l’aspirante comédienne perdue dans un besoin de reconnaissance abyssal et un rapport de séduction imposé par un business sexiste, ou quand il suit les conseils de son prof de théâtre Gene (Henry « Fonzie » Wrinkler, parfait en gourou vénal et acteur frustré). La série joue très bien de la tension entre ces deux mondes que Barry va tenter de tenir éloignés des vanités de L.A., cette Terre Promise qui attire et recrache ceux qui rêvent de gloire cinématographique. Hader a créé la série avec Alec Berg, qui a fait ses classes comme scénariste pour la série Seinfeld. On retrouve dans les mésaventures de Barry et de son entourage cet humour des rebondissements absurdes et de quotidien qui trébuche, cette comédie acide des chassés-croisés et de l’équivoque. Cela donne le plus souvent des moments hilarants, les gags alternant avec de vrais moments de tension. Malgré de grosses ficelles et une caricature d’Hollywood un peu trop appuyée, Barry vise le plus souvent juste, se fait touchant… et passe à la sulfateuse la police, la pègre, les vanités, l’ego trip artificiel du cinéma et la mélancolie de son personnage principal. N.B.

Apple, Google, Facebook… les nouveaux maîtres du monde

Documentaire de Yannick Adam de Villiers et Frédéric Martin. ***(*)

Jeudi 01/11, 21h00, France 2

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Elles n’ont quasiment de comptes à rendre à personne, contrôlent nos moyens de communication, stockent toutes nos informations et peuvent même aisément orienter l’opinion… Si les sociétés Apple, Google, Facebook et Microsoft marchent sur le monde, elles détiennent aussi une véritable mine d’informations et entretiennent des relations inquiétantes avec les gouvernements et les services de renseignements. Oui, ces outils qui rythment nos journées et nous facilitent souvent la vie nous surveillent et nous manipulent. Ce documentaire de Yannick Adam de Villiers et Frédéric Martin retraçant les success-stories presque invraisemblables de Steve Jobs, Bill Gates, Larry Page, Sergey Brin et Mark Zuckerberg questionne le pouvoir de ces patrons du digital assis sur des fortunes colossales pour dépeindre une société à la main d’une poignée de milliardaires… Maîtres du futur, ils ont changé notre rapport à la connaissance, ont bouleversé les relations humaines et sont devenus plus puissants que les États… Ils rêvent aujourd’hui de conquérir l’espace, d’augmenter les capacités du cerveau, de combattre le vieillissement et de duper la mort. Si vous n’en avez pas encore assez après les analyses d’experts et les données chiffrées sur le plateau de Laurent Delahousse, France 2 proposera dans la foulée le documentaire Faut-il avoir peur d’Amazon? Vive le progrès… J.B.

The Haunting of Hill House

Une série Netflix créée par Mike Flanagan. Avec Michiel Huisman, Carla Gugino, Henry Thomas. Disponible sur Netflix. ***(*)

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Habitué du genre, Mike Flanagan (Ouija: Origin of evil) adapte un classique de la littérature d’épouvante, La Maison Hantée de Shirley Jackson (1959), qu’on pensait épuisé. Mais au lieu de coller à ce lieu commun de l’horreur voulant qu’un lourd secret mène les protagonistes vers un châtiment sûr et cruel, il lui substitue une histoire beaucoup plus subtile et dramatique, et surtout submergée d’émotions. Hugh et Olivia Crain ont emménagé avec leurs enfants -Steven, Shirley, Theo et les jumeaux Nell et Luke- dans le manoir de Hill House. Des manifestations paranormales, ainsi qu’une mort dramatique et mystérieuse vont plonger la famille endeuillée dans un chapelet de souffrances et de visions. Chaque épisode use de longs flash-backs pour détailler le passé de chacun des enfants, et revient explorer leur trauma et ses conséquences sur leur présent alors qu’ils sont dans leur vie d’adulte, optant pour un style propre à la personnalité et la problématique de chacun. Les revenants et spectres qui les visitent paraissent comme les incarnations des non-dits entourant le décès originel, et plongent le spectateur dans l’effroi par un habile jeu de champ-contrechamp. Avec sa mise en scène (qui peut osciller entre un Six Feet Underet un slasher élégant), sa scénographie et sa cinématographie soignée jusque dans les détails d’un clair-obscur bien ajusté, The Haunting of Hill House se révèle une série d’épouvante, certes, mais particulièrement émouvante. N.B.

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