À la télé cette semaine: 2001 l’Odyssée de l’espace, Histoires d’une nation, Succession…

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Notre sélection télé pour la semaine du 22 au 28 septembre.

La Chambre des merveilles

Documentaire de Frédérique Zepter. ***(*)

Dimanche 23/9, 17h35, Arte

À la télé cette semaine: 2001 l'Odyssée de l'espace, Histoires d'une nation, Succession...
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Ils sont nés à la Renaissance, au XVIe siècle. Période de grandes découvertes et de gigantesques changements. À l’époque, les princes, les savants et les riches amateurs rivalisent dans une course à l’extraordinaire. Pour conserver leurs trésors, ces choses qu’on arrive mal à expliquer, émergent alors des lieux d’un genre nouveau voués, à la contemplation, où livres étranges côtoient toiles de maîtres et crocodiles empaillés. Bienvenue dans l’ancêtre du musée: la chambre des merveilles (wunderkammer en allemand), aussi connue sous le nom de cabinet de curiosités. Si les gravures qui représentent ses débuts montrent des lieux fantasmés qui n’ont probablement jamais existé sous cette forme, le documentaire de Frédérique Zepter questionne ces antres du bizarre. Pourquoi rassemblait-on des créations de l’homme et des objets trouvés dans la nature? Pourquoi juxtaposait-on des plumes et une arbalète. Qu’est-ce qui était vrai? Qu’est-ce qui était faux? Un docu fouillé et instructif. J.B.

Agatha Christie: la reine du crime

Documentaire d’André Schäfer. ***(*)

Dimanche 23/9, 22h30, Arte

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« Être une femme mariée était un métier en soi. C’était le mien. À côté, j’écrivais des livres. J’ai dû manquer, je pense, singulièrement d’ambition. »Agathie Christie n’en a pas moins marqué de sa plume l’Histoire de la littérature. La pionnière du roman policier britannique moderne est l’auteur le plus vendu et le plus traduit de tous les temps. Plus d’un milliard de livres publiés en anglais et autant dans les autres langues. Elle a écrit 66 romans, autant de nouvelles et plus de 30 pièces de théâtre (s’impliquant d’ailleurs dans leur mise en scène). André Schäfer raconte la mère de Miss Marple et du détective privé belge Hercule Poirot. L’anti-conformiste attachée aux traditions, grande voyageuse, avide de connaissance comme la femme extrêmement libre et indépendante sans être ouvertement féministe. Le portrait classique mais fascinant d’une auteure qui a appris à lire avec Sherlock Holmes et savait tout sur les médicaments, les poisons et leurs effets sur le corps humain grâce à sa formation en pharmacie. J.B.

Paradis de rouille: édifices fantomatiques

Série documentaire de Thierry Berrod. ***(*)

Lundi 24/9, 19h00, Arte

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C’est plus fort que lui: l’homme aime le vieux, le délaissé, le défraîchi, l’esquinté… Les vestiges du passé et les souvenirs rouillés au présent. Décapotables, châteaux, bateaux et tanks livrés aux intempéries, à la mousse et aux herbes folles… En quatre épisodes de 52 minutes (tous les jours à 19 h jusque jeudi), cette série documentaire de Thierry Berrod parcourt le monde à la recherche de « restes » spectaculaires et abandonnés. Premier sujet de sesParadis de rouille: les édifices fantomatiques. Berrod rencontre des explorateurs urbains et des nostalgiques au château Miranda de Noisy (longtemps l’un des lieux abandonnés les plus beaux du monde). Il s’aventure au Six Flags, un parc d’attraction de La Nouvelle-Orléans noyé sous les eaux où les bêtes (serpents, sangliers, biches, alligators…) ont remplacé l’homme et où les auto-tamponneuses sont devenues des jardinières à fleurs. Puis visite une île japonaise abandonnée aux lapins. Une promenade dans des jungles de ferraille, de verdure et de béton qui plaira aux urbexeurs et aux curieux. J.B.

Un homme et une femme

Comédie dramatique de Claude Lelouch. Avec Anouk Aimée, Jean-Louis Trintignant, Pierre Barouh. 1966. ****

Lundi 24/9, 20h50, France 5

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La chanson reste dans les oreilles, avec ses « chabadabada »… Francis Lai (compositeur) et Pierre Barouh (parolier en plus d’être acteur) auront fait beaucoup pour ancrer dans la mémoire la romance inspirée du jeune Claude Lelouch. Après avoir enthousiasmé le Festival de Cannes (avec une Palme d’or ex-aequo à la clé), Un homme et une femme remporta un grand succès populaire, et ce bien au-delà des frontières françaises. Lelouch n’aura sans doute pas tenu les promesses de cette oeuvre vibrante d’amour, non seulement entre ses protagonistes mais aussi pour le 7e art. Fou de cinéma, le réalisateur français de 29 ans fait virevolter sa caméra autour des excellents Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant, avec des mouvements d’un singulier lyrisme. On est pris dans le tourbillon de désir émanant des deux veufs inconsolables mais renaissant dans leur belle rencontre. Et dans celui d’un Lelouch faisant de son film une déclaration passionnée, entendue jusqu’à Hollywood où l’Oscar du meilleur film en langue étrangère le couronna. L.D.

Histoires d’une nation

Série documentaire de Françoise Davisse et Carl Aderhold. ****

Mardi 25/9, 21h00, France 2

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En quatre chapitres en forme de cours magistraux, nourris d’archives, de témoignages, d’analyses et de la voix chaude de Roschdy Zem, Histoires d’une nation raconte 150 ans de l’Histoire de France et de ses rapport à l’altérité, à la nation, à l’étranger. Aujourd’hui, un quart de la population française trouve ses racines à l’extérieur du territoire mais en 1870, l’idée même de nation est à peine embryonnaire. Après la défaite contre la Prusse et l’insurrection de la Commune, la République s’est acharnée à « faire des Français », par une politique de droit du sol qui a divisé autant qu’elle a uni, une glorification de la patrie, des particularismes et régionalismes gommés par une éducation nationale et laïque dans une langue unifiée. Tous les mythes nationaux sont nés au même moment dans les États modernes. Mais alors que la France érige la tour Eiffel 100 ans après sa Révolution, elle est un centre d’attraction pour des exilés de tous horizons.

La série documentaire montre avec un souci de rigueur et de démonstration étayé que l’idée d’immigration, d’étranger, n’existe qu’à partir du moment où l’on fixe la nation dans un socle imaginaire rendu intangible. Elle prouve que l’Histoire d’une nation ne se cantonne pas à la terre dont elle est issue, à des images d’Épinal tirées de récits d’un passé fantasmé pour mieux servir les politiques d’un présent déjà rance. Elle est un déplacement de plaques tectoniques, de mouvements de populations dans un pays qui n’est pas isolé du reste du monde.  » Qu’ils soient noirs ou breton, la race explique toutes les différences de classes dans l’opulence de la Belle Époque. « 

De la colonisation à la Marche pour l’Égalité des Droits de 1983, de Verdun aux banlieues, des immigrations organisées à la désillusion Black Blanc Beur et aux débats sur le racisme d’État, entre crises, progrès, alternances politiques et bouleversements culturels, le documentaire passe au crible les grandes étapes de la France contemporaine et examine l’impact sur la population immigrée, la mixité née dans le creuset des mines, des usines, des chantiers et des bidonvilles, du mythe d’une France unitaire et éternelle. En écoutant le récit des familles de Michel Drucker, Françoise Dolto, Youri Djorkaeff, Alain Minc ou de femmes et d’hommes dont les noms ne disent rien, venant de l’ancienne Indochine, d’Algérie, d’Arménie, de Pologne, d’Italie ou d’Espagne, on sent les barrières dressées par un racisme né il y a 150 ans, entretenu par les peurs, les guerres, les frustrations, les calculs politiques, contre l’idée pourtant belle d’une république où tous auraient leur place. Émouvant, poignant, intelligent, Histoires d’une nation, formidable moment de télévision publique, est un rappel salutaire en ces temps troublés. Et chez nous, c’est pour quand? N.B.

2001: l’Odyssée de l’espace

Film de science-fiction de Stanley Kubrick. Avec Keir Dullea, Gary Lockwood, William Sylvester. 1968. *****

Mercredi 26/9, 21h05, La Trois

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Chef-d’oeuvre absolu aux splendeurs fulgurantes et aux mystères encore irrésolus pour certains d’entre eux,2001: l’Odyssée de l’espace nous emmène dans une aventure visuelle et sonore intense, à la recherche des origines de l’humanité puis de son futur ultime. En s’appuyant sur les recherches scientifiques mais aussi philosophiques de son coscénariste Arthur C. Clarke, dont une nouvelle (La Sentinelle) sert partiellement d’inspiration au film. Tout est passionnant, tout est sublime, des décors et de la photographie aux effets spéciaux et à la musique où est notamment convoqué, de mémorable manière, le Richard Strauss deAinsi parlait Zarathoustra. Les exégèses se sont multipliées à propos du sens global de2001 comme de celui de certains détails. Mais s’il donne à réfléchir, le film peut aussi et surtout s’aborder comme un extraordinaire « trip » audiovisuel, le genre de voyage dont on revient changé. L.D.

Les Impatientes

Minisérie créée par Fabienne Lesieur, Nicolas Jean et Anne-Elisabeth Le Gall. Avec Noémie Lvovsky, Roxane Potereau, Léonie Simaga, François Morel. ***(*)

Mercredi 26/9, 21h05, France 2

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Maude n’a rien d’une criminelle. Abasourdie, elle entend à peine la sentence du juge d’instruction: mandat de dépôt pour tentative d’homicide volontaire. C’est l’incarcération dans une maison d’arrêt pour femmes, en attendant son jugement. Quelques heures plus tard, dans une cellule de quelques mètres carrés, elle fait la connaissance de Leïla et Isabelle. Dans la vie vraie, elles ne se seraient jamais croisées. Alors, se parler… Mais il faut bien que Leïla, jeune délinquante, sorte sa colère et qu’Isabelle, brillante chercheuse farouche et silencieuse, trouve du sens à cette situation. Partant de personnages stéréotypés, Les Impatientes éclot vite en un récit de l’entraide et des multiples formes d’enfermement (physique, psychique, social, amoureux…) dans et en dehors des prisons: la débrouille, les coups bas, les drames, le désespoir, les abandons et les trahisons. Noémie Lvovsky, Roxane Potereau et Léonie Simaga font des prisonnières plausibles, banales, sans glam ni rébellion romantique, servies par des dialogues qui donnent de l’air à leur situation étouffante. N.B.

Succession

Série créée par Jesse Armstrong. Avec Brian Cox, Hiam Abbass, Nicholas Braun, Kieran Culkin.****

Jeudi 27/9, 20h30, BE1

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Vingt ans après The Sopranos, qu’est-ce que HBO peut bien nous apprendre de nouveau sur la famille américaine? Quel lien entre Anthony Soprano et Logan Roy (Brian Cox), magnat des medias? Ils sont tout les deux à la tête d’un empire. Mais si The Sopranos narrait l’accession et le difficile maintien au pouvoir d’un parrain dépressif, sociopathe et charmeur, Succession démarre au moment où le tycoon envisage de se retirer. Persuadé d’être irremplaçable, il dispense un mépris sans nuance pour ses enfants, issus de deux mariages différents: Connor s’en fout un peu, Kendall est pressenti pour prendre la suite mais est incompétent, Roman est encore un gamin immature et Siobhan voudrait entrer en politique. Quant à l’épouse, Marcia, elle écope le ressentiment de la marmaille. La mise en scène installe les personnages (incarnés à leur juste mesure) sur une couche de glace qui gèle les rapports et s’apprête à craquer. Tous, face à ce père castrateur ouvrant un vide sous leurs pieds, devront prendre leurs responsabilités. Rarement la télévision avait réussi à rendre aussi passionnante la vie de personnages détestables. Ce drame familial, sis dans un monde froid, volatile, chaotique et hypocrite, questionne admirablement la place des hommes et des femmes dans le système prédateur que les premiers ont créé. Une analyse éthologique minutieuse et glaçante. N.B.

Tout le Baz’Art

Émission présentée par Hadja Lahbib.***(*)

Jeudi 27/9, 23h15, La Une

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Quatrième saison, déjà, pour le magazine culturel de la RTBF Tout le Baz’Art. C’est chez Salvatore Adamo, dans son bureau, au milieu des hippopotames, qu’Hadja Lahbib lance sa série de 60 nouvelles rencontres. Salvatore débarque en chantant, la guitare en bandoulière. Il raconte son rapport à la création et dévoile les secrets des Filles du bord de mer… Tout en simplicité et surprise, le tendre jardinier de l’amour -comme l’appelait Jacques Brel- voit débarquer Arno venu raconter sa mythique reprise (« joint, joint, jooooint »), part se faire décortiquer en chanson par Sébastien Ministru (comme lui un Sicilien de Jemappes) et termine à la Cantine des Italiens avec la comédienne Carmela Locantore pour parler de son spectacle et de migrants italiens. Sous-titrée en néerlandais, l’émission qui part sur le terrain à la rencontre des artistes belges d’aujourd’hui et demain sera suivie du Doc de Tout le Baz’Art. Pour l’occasion: le passionnant Celui qui sait saura qui je suis de Sarah Moon Howe. J.B.

L’épopée pop de Jean-Charles de Castelbajac

Documentaire de Mathieu César, Stéphanie Trastour et Fabien Henrion. ***(*)

Vendredi 28/9, 22h45, Arte

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Couturier, peintre et designer visionnaire, Jean-Charles de Castelbajac a allègrement contribué à lever les barrières au carrefour de l’image, du son et du grand public, tout accaparé qu’il fut à lancer des passerelles entre le quotidien et l’universel. Cette pulsion énergétique, doublée d’une conscience sociétale en phase avec son époque, l’amènera tant à habiller le pape (son  » plus inoubliable défilé« ), Farrah Fawcett et Beyoncé qu’à coudoyer les agitateurs d’un punk naissant. Imprégné de cette autoproclamée « plus grande escroquerie du rock’n’roll », il passe de celui qui pose les questions à celui qui y répond, pleinement déterminé à injecter dans son style utopie, provocation et sens de l’humour, décloisonnant définitivement art et mode dans un grand bouillon de culture pop. Cette réjouissante hagiographie en forme d’autoportrait résume, en quelques gerbes de sa gamme chromatique fétiche, le parcours hors norme d’un créateur convaincu que « ce qu’il a à dire de meilleur, il le dira demain« . M.U.

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