Critique

[À la télé ce soir] Transnistra

© DR
Nicolas Bogaerts Journaliste

La Transnistrie est un bandeau de territoire long de 200 kilomètres et large de 30, entre l’Ukraine et la Moldavie. Un territoire étrange, comme fixé dans un espace-temps désuet, qui a fait sécession socialiste au moment où explosait l’URSS. La réalisatrice Anna Eborn y a posé sa caméra pour filmer une bande d’ados: Tanya est l’astre évanescent autour duquel gravitent cinq prétendants, Tolya, Sasha, Denis, Burulya et Dima. Tourné en 16 mm, ce documentaire vogue entre les souvenirs de Gus Van Sant, Sofia Coppola et Bruno Dumont, dans une poésie éthérée qui flirte avec les frontières de la fiction. Et pourtant, Transnistra a tout d’une enquête intime sur les pistes des identités, de ce qui fait corps, à la fois dans l’individualité (le désir naissant, la reconnaissance, le besoin d’amour) et la collectivité (c’est quoi le couple? la famille? c’est quoi ce pays?). Les frontières et les limites se meuvent constamment. Dans le monde politique, celui de l’appartenance culturelle, comme dans le monde de l’intimité adolescente qui passe de bras en bras, de bouche à bouche. Anna Eborn réussit à capter les espoirs, rêves, illusions et solitudes de ces six jeunes, sans les emprisonner ni les placer dans des cases par trop pratiques. Elle joue à merveille du décor, ces forêts et lacs où plane une âme russe insouciante, flirtant avec un naturalisme ou un romantisme (au sens littéral) qui porte les protagonistes vers un espace hors du temps, comme universel.

Documentaire d’Anna Eborn. ****

Mardi 14/4, 22h40, La Trois.

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