Critique

À la télé ce soir: Tellement gay, homosexualité et pop culture

Tellement gay: homosexualité et pop culture © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Maxime Donzel brosse le portrait de la culture gay à travers les disciplines artistiques et les décennies. Foisonnant et passionnant.

La nuit du 28 au 29 juin 1969, dans Greenwich Village et un bar, le Stonewall Inn, alors aux mains de la mafia, débutent trois jours d’émeutes. Trois jours de bataille rangée entre les forces de l’ordre et la communauté gay et lesbienne. Ces événements souvent considérés comme le premier exemple de la lutte menée par la communauté homosexuelle contre un système qui la persécute constituent le pivot du documentaire en deux parties réalisé par Maxime Donzel.

Contrairement aux idées reçues, la culture gay existait bien avant la révolution sexuelle et n’est pas née comme par magie en 1970. Elle vivait donc juste dans la discrétion. Le premier volet, Inside, de Tellement gay: homosexualité et pop culture raconte un temps, l’après-guerre, où l’homo était présenté comme « un prédateur pervers à la moustache trop bien taillée » dans les films de propagande américains. Un temps où les productions hollywoodiennes jouaient sur le sous-entendu pour contourner le code Hays et la censure. L’époque des années cachées et des créations masquées, de l’underground et de l’être sans paraître.

Présenté dans la foulée sur La Une, son deuxième volet, Out, s’intéresse lui à la sortie du placard. A la scène pop des années 80. Au rôle des boîtes de nuit. Ou encore au sida qui rend la culture gay obligatoirement engagée. Très succinct (forcément en 2×52 minutes) mais particulièrement rythmé, enlevé et didactique, Tellement gay parle mode, musique, cinéma, télé, théâtre et littérature… Evoque les bars homos qui existeraient depuis le XVIIIe siècle. Part sur les traces de Tom of Finland, inventeur du cuir moustache. Et questionne le bisexuel chic comme le bon gay dans les séries télé.

D’Hitchcock à Ben Hur, des films de vampires lesbiens à La Cage aux folles et de Freddy à Priscilla, Folle du désert… De Joan Crawford à Dalida, de Judy Garland à Madonna et d’Elizabeth Taylor à Sigourney Weaver… Mais aussi de Jean Genet à Truman Capote en passant par Gore Vidal, du télécrochet pour drag queen à Xena, la guerrière avec un détour par The L World, de Liberace à Lou Reed sans oublier Boy George, les Bronski Beat et les Village People… Donzel brosse le portrait de la culture gay à travers les disciplines artistiques et les décennies. Foisonnant et passionnant.

DOCUMENTAIRE DE MAXIME DONZEL.

Ce vendredi 15 mai à 22h45 sur La Une.

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