Critique

[à la télé ce soir] Quand revient le calme

© DR SALES
Nicolas Bogaerts Journaliste

À partir d’un événement traumatique collectif s’ébauche cette jolie dramaturgie chorale qui questionne davantage les dommages directs et collatéraux que les mobiles d’un attentat perpétré dans un restaurant de Copenhague.

Par cet angle mort, la série en dix épisodes dresse un portrait mosaïque de la société danoise, de ses contradictions et de ses fêlures intrinsèques, révélées ou décuplées par le fracas et ses retombées psychiques. Les souffrances de la classe moyenne, incarnées par le couple formé de Mortel et Camilla, préoccupés par l’avenir de leur fils Albert, et par Nikolaj, un cuisinier aux prises avec un patron peu recommandable. La question des migrations et des discriminations est portée par la situation de Jamal, un jeune coiffeur, par la ministre de la Justice Elisabeth qui défend un projet de loi favorable aux demandeurs d’asile, et par la solidarité citoyenne de Louise et de sa fille Marie. Ces personnages issus de milieux sociaux distincts, pourtant soufflés pareillement par l’explosion de violence, vont devoir se reconstruire une fois les bruits et les cendres retombés. Et se trouveront, dans leurs différences et leurs souffrances individuelles, un destin commun. Deuil, syndrome post-traumatique, culpabilité du survivant, les conséquences psychiques et physiques y sont filmées sans fausse pudeur. La sobriété des acteurs et la gamme de couleurs sombres ajoutent un surplus de dignité à ce récit un peu longuet mais qui fait résonner le bruit des corps se fracassant de part et d’autres des murs dressés aux frontières l’Europe.

Série créée par Dorte W. Hogh et Ida Maria Rydén. Avec Jacob Lohmann, Karen-Lise Mynster, Henning Jensen. ***(*)

Jeudi 29/07, 20h55, Arte.

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