Critique

[À la télé ce soir] Pour en finir avec la guerre des drogues

Des agents colombiens de l'anti-drogue dans une plantation de coca. © SWR/Peter Puhlmann
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Coup d’envoi d’un Théma Drogues, alcools, mêmes combats?, le documentaire de Peter Puhlmann dégage des solutions alternatives tout en pointant les limites des politiques actuelles.

Face à l’échec des politiques menées, à un moment où leur inefficacité est vivement débattue aux quatre coins du monde, l’ONU a prévu pour cette année (coup d’envoi le 19 avril) une session extraordinaire de son assemblée générale afin d’aborder la problématique de la lutte contre les drogues et d’envisager de nouvelles approches. Depuis 2006, le gouvernement mexicain mobilise l’armée pour lutter contre les cartels. Mais l’Etat n’a pas gagné la guerre. Les magnats de la came peuvent tout acheter. Même l’impunité. En Colombie, archétype du narco-Etat où la sécurité coûte chaque année plusieurs milliards au pays, la violence aveugle est devenue moins visible, mais la drogue continue de circuler comme avant…

Dans un monde où tout est contrôlé (médicaments, alcool, tabac, nourriture, jouets même), seules les drogues sont frappées d’une interdiction absolue ou presque. Forcément inquiétant quand on sait que les produits les plus dangereux sont les substances illicites puisque non testées.

Coup d’envoi d’un Théma Drogues, alcools, mêmes combats?, le documentaire de Peter Puhlmann qui sera suivi d’un autre docu, A votre santé?, consacré au rapport entretenu par l’Europe avec la bibine, dégage des solutions alternatives tout en pointant les limites des politiques actuelles.

En Bolivie, qui lutte à sa manière, sans la DEA et les mesures dictées par les Etats-Unis, on a réduit les surfaces sans assassinat ni tuerie… Mais au niveau international, aucune distinction n’est faite entre la cocaïne et la feuille de coca, là-bas un véritable produit de consommation. Tout en se promenant à travers l’Histoire, revenant sur la culture de la drogue dans les années 60 et 70, et le combat que lui menait Nixon (une manière de stigmatiser la jeunesse rebelle), Puhlmann explique le blanchiment d’argent. Raconte le père de famille noir qui a pris 35 ans de prison au Texas parce qu’attrapé avec 100 grammes d’herbe alors qu’au Colorado elle est autorisée depuis 2014. Les cannabis clubs de Barcelone et le Portugal qui a compris que les toxicomanes avaient besoin d’aide plus que de répression.

Favoriser le plaisir, atténuer la douleur… Extrêmement fouillé et documenté, Pour en finir avec la guerre des drogues épingle les raisons de leur succès et leurs vertus médicales. Cherche comment rendre de manière générale la consommation de stupéfiants moins nocive pour la société. Et appuie là où ça fait mal. L’idée que les drogues criminalisées sont plus dangereuses repose non pas sur des connaissances scientifiques, mais sur la perception qu’on a de leurs usagers. CQFD.

DOCUMENTAIRE DE PETER PUHLMANN.

Ce mardi 19 avril à 20h55 sur Arte.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content