Critique

[à la télé ce soir] Nueva York: une histoire musicale du New York latino

© MUSEUM CITY NEW YORK RHYTHM AND POWER
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Alors que sort dans les cinémas le remake de West Side Story réalisé par Steven Spielberg (le documentaire West Side Story: le hit de Leonard Bernstein est diffusé dans la foulée, à 23h25), Arte consacre un passionnant documentaire à l’Histoire musicale du New York latino.

Quand le film de Jerome Robbins et Robert Wise débarque dans les salles en 1961 après le succès de la comédie musicale à Broadway, la communauté portoricaine de New York, ostracisée et privée de rêve américain, se précipite dans les salles obscures et accède dans le raz-de-marée à la visibilité. Le mambo, le chachacha, le boogaloo et la salsa ont beau venir de Porto Rico, de Saint-Domingue ou encore de La Havane, c’est une ville nord-américaine, cette Grosse Pomme réputée pourrie, qui va les faire connaître du monde entier. Musique, souffrance, révolte et joie… Du Spanish Harlem au Bronx, mélangée au jazz, au blues et à la soul des voisins noirs, la musique latino va devenir la bande originale d’un combat identitaire.

Nueva York raconte l’immigration et les figures tutélaires. La vie dans le Barrio, quartier ruiné, misérable et dangereux, en même temps que le parcours de Tito Puente et de ses congénères… Ils débarquent des Caraïbes, d’Amérique latine et centrale. Ils ont fui la misère, la révolution, l’insécurité. Et se sont enracinés dans les rues d’un New York qui ne voulait pas d’eux. Ou alors seulement pour les basses besognes. Ce New York qu’ils font danser (Marlon Brando en tête) dans des clubs comme le Palladium, temple du mambo, ils vont le marquer de leur indélébile empreinte. Si l’invention du boogaloo à la fin des sixties permet de partir à l’attaque du marché américain, le courant artistique et musical rejoint à l’aube des années 70 le mouvement militant. Les Young Lords, version latine des Black Panthers, mettent le feu aux poubelles de leurs quartiers pour protester contre leur insalubrité tandis que la salsa (qui recoupe différentes formes de musique latino-américaines) met le monde en émoi.

Alimenté par des artistes, des anthropologues, des sociologues, des activistes, le docu de Sergio Mondelo revient aussi sur la success story du label Fania et de son irrésistible orchestre (Ray Barretto, Willie Colón…) et explique la naissance du reggaeton (genre hybride mêlant sonorités latines et hip-hop, ultra commercial et discours pas vraiment féministe) et la musique latine devenue un business mondial (Shakira, Jennifer Lopez et Despacito). Ole!

Documentaire de Sergio G. Mondelo. ****

Vendredi 17/12, 22h30, Arte.

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