Critique

[à la télé ce soir] Marie Trintignant: tes rêves brisés

© Martine Peccoux / Bridgeman
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Le regard émouvant et admiratif d’une mère sur sa fille.

« Je vais mourir et vieillir« , dit-elle dans une interview d’époque. « Hélas non, Marie, non. Tu n’as pas eu le temps de vieillir. Comme tant de femmes battues, tu as un jour reçu un premier coup. Quand tu as voulu quitter cet homme, il s’est acharné à te détruire. À gommer ton si beau visage. À t’arracher à la vie. Tu avais 40 ans et plein de rêves. » Ainsi commence Tes rêves brisés, documentaire sur Marie Trintignant réalisé par sa mère Nadine, entamé et parachevé, sans même le citer, avec deux charges contre son bourreau Bertrand Cantat. En 2003, elle avait déjà signé un livre, Ma fille, Marie. Une lettre d’amour à sa progéniture, disparue trop tôt. Elle en brosse ici un touchant portrait qui raconte ses débuts dans Série noire d’Alain Corneau, son beau-père, face à Patrick Dewaere. « Je me suis dit pendant le tournage: je ne peux pas faire ce métier. Ça va me briser. Dans deux ans, je suis à l’asile. » Elle évoque son amour pour le théâtre, souvent consommé avec les hommes de sa vie. Dans Y’a pas que les chiens qui s’aiment, écrit et joué avec son deuxième mari (François Cluzet). Ou avec son père, Jean-Louis, à dire du Apollinaire. Biographie d’une actrice et d’une femme à l’énergie débordante, comédienne romanesque, inattendue, étrange et engagée (notamment contre toute forme de racisme). Le regard émouvant et admiratif d’une mère sur sa fille.

Documentaire de Nadine Trintignant. ***(*)

Mercredi 26/01, 22h45, Arte.

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