Critique

[à la télé ce soir] Liam Gallagher: As It Was

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Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Le film, qui sonne comme une tentative de réconciliation, gratte peu la surface et se montre par moments très indulgent, mais il dévoile une facette moins connue et assez désarmante du personnage.

28 août 2009. Oasis annule au festival Rock en Seine. Les deux frères Gallagher se sont bagarrés dans les loges. C’est la fois de trop. C’en est fini pour ceux qui rivalisaient jadis avec Blur au sommet de la Britpop. Plus de dix ans après les faits, les frangins ne se sont toujours pas vus. Liam n’a pas le numéro de Noel et ne sait pas comment il réagirait s’il venait à le croiser. « Je pourrais tout aussi bien le poursuivre avec un pic à glace que lui sauter dessus pour faire des gros câlins. Qui sait? Pour l’instant, je lui en veux encore. Il a saboté mon groupe. » (…) « C’est vrai que c’est dommage mais on n’est pas la famille Ingalls. On ne se parle plus parce qu’il se croit plus malin que les autres. Et je suis sûr d’avoir raison. On est tous les deux des butés. »

Même Liam Gallagher: As It Was a alimenté leurs querelles. Noel a menacé de traîner son cadet en justice et lui a interdit d’utiliser la musique du groupe dans le film. Le documentaire de Gavin Fitzgerald et Charlie Lightening ne résume pas le destin funeste d’Oasis. Il raconte comment son chanteur a rebondi après la rupture artistique et familiale et tire un portrait davantage alimenté par les craintes et les doutes que par l’arrogance et la prétention. Liam relativise: « On n’était pas des musiciens exceptionnels. On avait ce petit truc en plus qui peut t’amener loin. » Il avoue qu’il a peur de perdre sa voix: « Quand on pense à tout l’alcool que j’ai bu, à tout ce qu’on m’a mis dans le nez, elle reste assez correcte. (…) Je suis resté complètement aphone pendant une semaine et comme j’aime bien m’écouter parler, c’était l’enfer. »

De son jogging au studio, du frontman au père de famille, de Beady Eye à sa carrière solo, le docu met en lumière une rock star assagie. « Je fume pas pendant la journée. Juste un joint ou deux après le concert. J’essaie de boire moins et je prends que deux grammes avant de monter sur scène. Avant, c’était huit. » (…) « Je veux pas mourir, mec. Je veux pas passer le temps qui me reste dans des pubs. Je suis pas le dernier à lever le coude mais je sais rentrer me coucher maintenant. »

Le film, qui sonne comme une tentative de réconciliation (ils viendraient justement de fonder une société de production cinématographique), gratte peu la surface et se montre par moments très indulgent, mais il dévoile une facette moins connue et assez désarmante du personnage. « C’est quand même dingue quand tu y penses, dit-il de retour dans la maison familiale tout en se souvenant avoir pissé sur la chaîne hi-fi de son aîné. On a d’abord partagé cette mini-chambre et ensuite la scène. Pas étonnant qu’on puisse pas se saquer. On se croirait en taule. »

Documentaire de Gavin Fitzgerald et Charlie Lightening. ***(*)

Vendredi 09/04, 22h35, Arte.

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