Critique

[à la télé ce soir] Fiodor Dostoïevski: jouer sa vie

© ALONG MEKONG PRODUCTION
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

On est en juillet 1865. Dostoïevski approche des 45 ans. Il est chez son éditeur, criblé de dettes et accepte de signer un contrat abusif. Pour 3.000 roubles, il cède ses droits sur toutes ses oeuvres antérieures et s’engage à écrire un nouveau roman pour le 1er novembre 1866. Si ce n’est pas le cas, l’éditeur pourra disposer de ses écrits pendant neuf ans sans lui verser le moindre kopeck…

Ce roman, ce sera Le Joueur, l’histoire d’un jeune homme qui sombre dans cette spirale infernale qu’est l’addiction aux jeux d’argent. L’auteur connaît parfaitement le sujet. Il en souffre. Comme en quête de cette adrénaline propre au danger et à l’incertitude qui fait tout basculer, Dostoïevski va attendre le dernier moment pour plancher sur son bouquin. Il n’aura que 26 jours pour s’en acquitter. Le documentaire de Hedwig Schmutte et Rolf Lambert revient sur la genèse de cet ouvrage. Un moment de rupture dans la carrière de l’écrivain et le début de ses grands chefs-d’oeuvre: Crime et châtiment, L’Idiot, Les Démons, Les Frères Karamazov. Il retrace aussi l’existence mouvementée de son auteur, qui faillit être exécuté et a découvert la nature humaine dans toute sa complexité pendant quatre ans de travaux forcés et de bagne en Sibérie, qui souffrait d’épilepsie et est mort à 59 ans d’une maladie pulmonaire. « La dépendance au jeu est une maladie contre laquelle il n’existe pas de remède, disait-il. La seule méthode de lutte est la fuite. »

Documentaire de Hedwig Schmutte et Rolf Lambert. ***(*)

Mercredi 10/11, 22h40, Arte.

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