Critique

[À la télé ce soir] Code(s) polar

Documentaire en trois parties, Code(s) polar décrypte un genre toujours aussi populaire. © Beall Productions
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Machine à fabriquer des cadavres qui nous renvoie en pleine figure nos idées les plus tordues, monstrueuses et sadiques, il est malgré son univers sombre et désespéré un genre par excellence (et essence) populaire.

A l’heure d’écrire ces lignes, un roman sur quatre est un polar. Et le noir, le thriller, le policier dont Edgar Allan Poe a jeté les bases en 1841 avec un double assassinat (dans la rue Morgue) continue de squatter plus souvent qu’à son tour les salles de cinéma. Qui n’a jamais rêvé de braquer une banque, de devenir flic, d’arrêter des voleurs? D’une question sans réponse, le réalisateur français Olivier Marchal (36 quai des Orfèvres, Les Lyonnais…) explique l’intérêt suscité par les Conan Doyle, Alfred Hitchcock et autre Agatha Christie…

Parfaite introduction au festival Quai du polar, organisé à Lyon du 1er au 3 avril. Arte a le printemps policier. Outre une belle collection de films (La Corde, La Cité sans voiles…) et un numéro spécial guerre froide et espionnage de Personne ne bouge, la chaîne franco-allemande propose un triple documentaire réalisé par Stéphane Bergouhnioux et Jean-Marie Nizan. Avant de se pencher sur les lieux de crimes, puis les intrigues, le premier volet de Code(s) polar s’intéresse à ses héros. Enfin, sa triplette de héros. Soit les enquêteurs, les criminels et leurs victimes. Extraits de films, scènes sanguinolentes… On passe du Privé de Robert Altman au True Romance de Tony Scott en passant par le Prophète de Jacques Audiard. Michael Mann explique ne pas considérer Heat comme un film policier mais comme un drame humain. Na Hong-jin, le réalisateur de The Chaser, raconte avoir suivi des inconnues dans la nuit pour savoir ce que ses personnages ressentaient. Tandis que l’écrivain argentin Leonardo Oyola raconte avoir dans ses premiers romans torturé et crevé les yeux de ses anciens potes qui l’empêchaient de jouer au foot dans la rue à cause de ses deux pieds gauches.

De son évolution avec les guerres mondiales et le progrès technologique aux Scandinaves qui ont fracassé ses règles dans les années 90, de la littérature au cinéma sans oublier la BD (Blacksad) et le jeu vidéo (le concepteur David Cage), Code(s) polar est une passionnante plongée au milieu de personnages, décors et ambiances conformes à nos cauchemars. Un intelligent décryptage avec quelques-un(e)s de celles et ceux qui s’amusent à nous faire trembler: le scénariste David Simon (The Wire), l’écrivaine d’Afrique du Sud Angela Makholwa et la photographe américaine Angela Strassheim. Eh bien, flippez maintenant.

DOCUMENTAIRE DE STÉPHANE BERGOUHNIOUX ET JEAN-MARIE NIZAN.

Ce dimanche 13 mars à 23h05 sur Arte.

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