Critique

[À la télé ce soir] Beau séjour

© DR
Nicolas Bogaerts Journaliste

Les séries belges, flamandes ou francophones, ont décidément la cote chez nos voisins français. Preuve en est la diffusion sur Arte de Beau Séjour, écrite et réalisée par Nathalie Basteyns et Kaat Beel et produite par la VRT.

Les 10 épisodes parviennent à ancrer dans le terroir limbourgeois une histoire aux frontières du polar et du surnaturel. Et le résultat mérite bien les éloges reçus l’an dernier au Festival Séries Mania à Paris (Prix du Public). Tout commence lorsqu’une jeune fille au physique androgyne se réveille couverte de sang dans une chambre en rénovation de l’hôtel du coin, le Beau Séjour. Pour Kato, c’est le blackout. Pire: voyant son propre corps gisant dans la baignoire, elle réalise qu’elle est morte assassinée. Par qui? Pourquoi? Avant de répandre les éléments de réponse, le premier épisode déploie une astuce: alors que ses parents -séparés- et toute la localité pleurent leur chère disparue, Kato déambule en néo-revenante invisible et incrédule dans le monde des vivants. Pour une raison laissée soigneusement en suspens, elle est néanmoins visible de quelques personnes: son père Luc (Kris Cuppens, toujours aussi bon dans les rôles d’âmes chiffonnées), sa demi-soeur Sofia, sa meilleure amie Inès, le pas très net agent Vinken et le beau Charlie (qu’elle a visiblement lourdement dragué la nuit de sa mort). Sur qui Kato peut-elle compter pour remonter le fil des événements? Alors que la police judiciaire est dépêchée sur place (Katrin Lohmann, implacable et délicieusement revêche en inspecteur Schneider), les secrets émergent, les intrigues s’infectent, débordent et personne n’en sort vraiment grandi.

Beau séjour surmonte la difficulté ontologique à faire croire aux histoires de revenants sans recourir aux effets spéciaux à la fois par la qualité des interprétations (Lynn Van Royen accroche la lumière et les regards en Kato, Johan Van Assche fait un agent Vincken tout en contention), une réalisation intelligente, une photographie contemplative. Et un récit qui tient en haleine, réussissant le mariage du surnaturel et du réalisme: le Limbourg de la série ressemble à celui d’aujourd’hui et ses habitants aussi. Des rues soignées bordées de maisons de nouveaux riches provinciaux au folklore d’un club de tir à l’arquebuse, de la langue (en VO) qui laisse fleurir son patois aux tonalités gris bleus qui renvoient au ciel si bas, le mystère est partout. Sans jamais sombrer dans le pittoresque ou la couleur locale, Beau séjour réussit une immersion complète dans un territoire aussi inquiétant que parfaitement télégénique.

SÉRIE DE NATHALIE BASTEYNS ET KAAT BEEL. AVEC LYNN VAN ROYEN, KRIS CUPPENS, KATRIN LOHMANN ET JOHAN VAN ASSCHE. ****

Ce jeudi 2 mars à 20h55 sur Arte.

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