Critique

À la télé ce samedi soir: Stevie Wonder, soul genius

Stevie Wonder © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Un docu de facture plus classique qu’artistique et moins intéressant dans sa deuxième partie que la première, comme sa carrière. Mais le portrait d’un homme qui a toujours eu les vibes. Envers et contre tout.

« Allez, Rob, cite-moi vite les cinq pires crimes contre la musique commis par Stevie Wonder dans les années 80 et 90. Et une question subsidiaire: a-t-on le droit de reprocher à quelqu’un qui fut un génie les fautes de goût de sa fin de carrière? Ou encore: vaut-il mieux brûler à son firmament ou décliner et s’éteindre à petit feu…? » La conversation entre Barry et son disquaire Rob dans l’adaptation cinématographique par Stephen Frears de High Fidelity résume plutôt bien la situation. Stevie la merveille, celui qui fut jadis l’un des fleurons de la Motown, s’est au fil des années fourvoyé dans les plus écoeurantes sucreries de la pop.

Il n’en a pas moins sorti des albums formidables dans les années 70 (Talking Book, Innervisions… ) et marqué l’Histoire de la musique de son empreinte. Introduisant de nouvelles textures dans le funk et la soul. Faisant entrer l’électronique dans la pop et le rhythm’n’blues. En une petite heure, Stevie Wonder: Soul Genius raconte la vie de cet homme pas comme les autres qui a vendu plus de 100 millions de disques, décroché un Oscar, remporté une trentaine de Grammy Awards et accompagné le couronnement du King of pop Michael Jackson. Ce type que le président Barack Obama appelle « mon ami » et Ban Ki-Moon la huitième merveille du monde.

La vie de Stevland Hardaway Judkins commence tel un roman de Zola. Un défaut dans l’alimentation en oxygène de sa couveuse le rend aveugle (une petite fille décèdera du même problème dans le couveuse d’à côté). Sa famille, pauvre, crève de faim l’hiver. On raconte même qu’il va chercher du charbon avec sa poussette pour faire du feu. Il n’en parle pas moins de jours heureux. Encouragé par sa mère et sa paroisse, découvert par un membre des Miracles, il signe à 11 ans sur le label Tamla Motown et devient vite un enfant star, générant un chiffre d’affaires de 30 millions de dollars.

Entre des extraits d’interviews de Berry Gordy, le fondateur du label, et de Stevie lui-même (que ce soit en radio ou en télé), Martha Reeves raconte leur déconcertante première rencontre. Le journaliste Barney Hoskins son génie. Et Macy Gray, qui a repris intégralement son album Talking Book il y a quelques années, l’amour qu’elle lui porte. Un docu de facture plus classique qu’artistique et moins intéressant dans sa deuxième partie que la première, comme sa carrière. Mais le portrait d’un homme qui a toujours eu les vibes. Envers et contre tout.

Documentaire de Simon Witter et Hannes Rossacher

Ce samedi 11 avril à 22h35 sur Arte.

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