Critique

À la télé ce samedi soir: La Nuit leur appartient, l’aventure Depardieu/Graffin

La Nuit leur appartient: l'aventure Depardieu/Graffin © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Jean-Marc Panis plonge dans la création d’un projet un peu fou né de la rencontre entre Gérard Depardieu et Philippe Graffin.

« Hier soir, j’étais à Bruxelles et j’ai fait trois opéras. C’était Philippe Graffin qui est un grand violoniste. Et j’étais vraiment fatigué. Je me suis endormi un peu dans la loge. Et je me suis réveillé, je n’étais pas très bien. Mais en même temps, je me disais: bon, ça va aller. Et là, je le vois tout à coup changer les feuilles dans le livret. Je lui dis mais qu’est-ce tu fous bordel? (…) Je pourrai pas. Je pourrai pas et j’ai pas pu. D’un seul coup, je me suis senti bourré. (…) Je pense que j’étais fatigué parce que je venais de Chine, de Bulgarie… Je m’étais arrangé pour boire aussi. » Ces mots sont de Gérard Depardieu qui en novembre dernier provoquait, plombé, l’interruption d’un concert auquel il participait à Flagey.

Le 3e et dernier volet de La Nuit nous appartient, spectacle construit sur l’échange entre la poésie (de Rimbaud, Verlaine, Baudelaire) et la musique (de Debussy, de Bartok, d’Enesco). Sans éluder la question (le commentaire ci-dessus ouvre le film), sans se focaliser dessus non plus, Jean-Marc Panis plonge dans la création d’un projet un peu fou né de la rencontre entre Depardieu et Graffin. Du travail de l’un avec les mots et du boulot de l’autre avec les notes. Le making of (sans la dimension promotionnelle qu’il sous-entend souvent) se promène dans les coulisses d’une aventure forcément périlleuse avec l’indomptable monstre sacré du cinéma français, comédien funambule au physique de lutteur. Très esthétiquement et intelligemment filmé, suivant souvent Depardieu de dos, d’où il est toujours aussi reconnaissable avec sa gigantesque carcasse, ce film sans intrusion ni voyeurisme déplacé est juste à distance idéale pour observer les espoirs, les craintes et les doutes de ses « acteurs ». La collaboration fragile avec un homme de tempérament, tempétueux et imprévisible. Chaudement recommandé.

DOCUMENTAIRE DE JEAN-MARC PANIS.

Ce samedi 4 avril à 22h55 sur La Deux.

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