Critique

À la télé ce lundi soir: Astronautes, vikings et fantômes

Wayne Jones se retrouve dans l'uniforme confédéré deson père, Tex, qui était passionné par l'histoire des États-Unis. © Robert Haines
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Récits de vie et histoires de comptoir pour un touchant, drôle et poétique travail de mémoire, prix du meilleur documentaire au festival de Newport en 2011.

Gueules cassées, piliers de pubs, vieilles gens et gros durs… En 1972, Robert Haines, 19 ans, fraîchement entré dans une école de cinéma, se décide à tirer le portrait de sa famille, d’amis et d’inconnus dans son patelin de Merthyr Tydfil. Petit village gallois qui périclite après avoir exploité ses importants gisements de minerai de fer et de houille à l’aune de la révolution industrielle. Quarante ans plus tard, lorsqu’il retombe sur la petite boîte dans laquelle il a rangé ses clichés, l’enthousiasme qu’ils suscitent est tel qu’il organise des expositions et publie un livre: Once Upon a Time in Wales. Intrigué, curieux de découvrir ce qu’il est advenu de ses modèles, Haines se lance sur leurs traces dans cette ville de 55.000 habitants où il a passé les 20 premières années de sa vie. Voilà pour le point de départ d’Astronautes, vikings et fantômes, récompensé en 2011 par le prix du meilleur documentaire au festival de Newport.

Haines, qui a notamment été chef opérateur et photographe, journaliste pour ITV et la BBC, y filme ce qu’est devenu Merthyr aujourd’hui. Il part à la recherche des pubs d’antan. Mais surtout rencontre et écoute parler ces gens ordinaires qui n’ont rien de banal. Beaucoup ne sont plus mais revivent ici dans le souvenir d’un temps où on appréciait davantage ce qu’on avait. Où on courait voir que tout allait bien chez les célibataires et les veufs quand ils n’arrivaient pas l’après-midi à l’heure habituel en descendre une au pub du coin… Récits de vie et histoires de comptoir pour un touchant, drôle et poétique travail de mémoire.

Tout en foulant le sol des rues dans lesquelles il a jadis joué, passant devant la salle où il a vu Ben Hur et Pink Floyd, le réalisateur traite du quotidien d’alors, des rêves et du sens de la communauté aujourd’hui perdus. Il croise le fantôme de Tommy, son oncle fossoyeur, qui s’est un jour retrouvé coincé dans une tombe. De Malcolm, l’une des terreurs du bled, gobeur de substances diverses réputé mauvais chauffeur, ou encore du père d’un camarade de classe fasciné par le far-west (les mioches l’appelaient le cow-boy) qui essayait de dégainer plus vite que John Wayne quand il se matait des westerns à la télé. Une plongée savoureuse et émouvante dans le mouvement ouvrier et ce qu’il en reste.

  • DOCUMENTAIRE DE ROBERT HAINES.
  • Ce lundi 23 février à 1h00 sur Arte.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content