Esperanzah!: altermondialiste ou bobo?

© Hugues Thibaut-Sofam 2011/O. Charlier/Noah Dodson/Anne Sophie Costenoble-Collectif Caravane
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

La question festival qui fâche (5). Festival des musiques engagées, nomades et plurielles, l’événement namurois attire à la fois familles, vrais militants et gens friqués qui s’encanaillent. Un autre monde est-il vraiment possible?

Faux rastas et rebelles de festival d’été ou mecs engagés et altermondialistes patentés?

Cette question, on peut se la poser en se promenant dans tous les événements étiquetés « musique du monde » qui rythment juillet et août. Mais qu’en est-il à Esperanzah!, installé dans le somptueux cadre de l’abbaye de Floreffe?

On peut lui reprocher une programmation un peu variète et à quelques exceptions près pas très underground, mais il y a dans le chef de l’organisateur Jean-Yves Laffineur un esprit, une démarche, des actes en phase avec les discours. Esperanzah! ne se contente pas de militer avec le CNCD-11.11.11 pour une justice climatique ni d’accueillir sur sa Place aux possibles des tas d’associations qui défendent l’hygiène écologique et les droits des enfants dans les pays du sud. Il prône les toilettes sèches et les gobelets réutilisables. Ne sert pas de coca. Vend de la bière locale (même qu’elle fait mal à la tête le lendemain). Et contrôle la provenance des produits mis à la vente par les commerçants de son marché.

En attendant, quand on parle public, de manière générale jeune et familial, le verdict est évidemment plus contrasté. A côté des gens ouverts et intéressés, il y a tous ceux -la majorité- qui se foutent de la coopération au développement et sont juste venus passer une bonne journée (c’est bien aussi). Puis il y a les autres. Les pires. Les mecs en t-shirt Che Guevara et pantalons larges à trous, friqués et donneurs de leçon. Les moralisateurs qui n’ont jamais un rond, ne paient pas une jatte, vous grattent des clopes, mais qui appuieront dès le lundi sur l’accélérateur du 4 x 4 de papa avec leur basket Dolce & Gabbana et ne trient pas encore leurs PMC. Un peu cliché certes mais il y a quand même de ça. Faut de tout pour faire un (autre) monde…

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