Ministry of Sound attaque Spotify en justice

Le logiciel suédois devra rendre des comptes à la justice britanique © Spotify
Stagiaire Le Vif

Les utilisateurs de Spotify composent des playlists qui reprennent, dans l’ordre, les mêmes chansons que les compilations de Ministry of Sound. C’est « incroyablement frustrant » s’insurge Lohan Presencer, le boss de l’entreprise britannique. Il estime que c’est une violation des droits d’auteur et en réfère à la Haute Cours du Royaume-Uni.

Le Ministère du son, c’est plusieurs labels de musique, une boite de nuit mythique à Londres, mais surtout une série de compilations qui reprennent le « meilleur » de la dance music. Tous les amateurs du genre les collectionnent amoureusement depuis le début des années 90. Sauf que, maintenant, elles sont disponibles en quelques clics via la plate-forme d’écoute musicale Spotify.

La compagnie britannique a demandé à Spotify de retirer ces playlists. Mais le logiciel suédois estime qu’il n’y pas d’enfreintes à la loi, que ce n’est pas son rôle de policer ses utilisateurs. C’est pourquoi Lohan Presencer demande à la justice de trancher.

Il s’agira de déterminer si le copyright s’applique aux compilations, à la sélection de morceaux et leur arrangement les uns après les autres. En effet, Spotify détient le droit de diffuser chacun des morceaux des playlists en question, mais les utilisateurs peuvent-ils, pour autant, reproduire la structure d’une compilation, c’est-à-dire l’ordre des chansons?

« Ce que nous faisons, c’est beaucoup plus que composer une playlist, argumente Lohan Presencer dans les colonnes du Guardian, il y a beaucoup de recherche investie dans la création de nos compilations, une telle démarche relève de la propriété intellectuelle. C’est inapproprié que quelqu’un copie-colle le fruit de nos efforts. »

C’est pourtant ce qui se passe. Les 24 millions d’usagers de Spotify ont déjà créé plus d’un milliard de playlists, dont certaines calquées des disques Ministry of Sound, sans même en changer le titre. Or, la compagnie anglaise n’en retire aucun bénéfice. Les suédois paient seulement les labels propriétaires des chansons, pas les tiers qui les arrangent en compilation. Peanuts, donc, pour le Ministère du son.

Son patron, en voulant remédier à la situation par la voie judiciaire, s’expose à un retour de manivelle. Il tente de protéger le business modèle qui a fait les beaux jours de son entreprise. Mais si la justice britannique estime qu’elle ne peut rien faire pour lui, le développement du streaming musical sur Internet sonnera, sans doute, le glas des ventes de compilations.

Baptiste Erpicum

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