Critique

À la télé ce mercredi soir: Un jour/Un destin – Françoise Hardy/Jacques Dutronc: les inséparables

Laurent Delahousse et Jacques Dutronc © Arte
Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

Symptomatique. Quand on parle à une amie de ce documentaire consacré au couple Françoise Hardy/Jacques Dutronc, sa réponse fuse, avant même qu’on ait pu développer le moindre poil d’argument: « Quand les hommes voient ce couple, ils se disent: quel chanteur! Du point de vue des femmes, ce serait plutôt: oh, la pauvre! »

Françoise Hardy et Jacques Dutronc, c’est l’histoire d’un binôme sacré, unique, fusionnel, destructeur, déséquilibré mais mythique. C’est aussi l’histoire d’une douleur, celle d’une jeune femme fragile un peu dépassée par son amour pour un playboy notoire. Présenté dans le cadre d’un nouveau numéro de l’excellebnt magazine Un jour/Un destin, le film signé par Guillaume Fleuret et Jean-Baptiste Arnaud nous aide à comprendre ce couple étonnant, au travers de deux biographies accidentées.

Hardy et Dutronc se rencontrent pour des raisons professionnelles. Réservés et timides, ils se tournent longtemps autour, sans qu’aucun n’ose réellement faire le premier pas. Sublime, talentueuse et pleine de succès, Françoise Hardy intimide Jacques Dutronc qui, pourtant, n’a pas grand-chose à lui envier. Leur jeu de séduction s’éternise avant que, finalement, l’inévitable se produise. Et que Dutronc se mette quasi instantanément à saboter leur couple. « J’ai séduit Françoise et l’ai directement mise sur un piédestal. Quant à moi, je suis retourné me rouler dans la fange », confie-t-il, en substance, à l’un de ses amis. Dutronc dira également: « Je commence par la fin. D’habitude, les gens trompent leur femme après cinq ans, moi je commence par là, et je serai fidèle plus tard. » Ou encore: « Je lui donnais rendez-vous, disons, un 26 juin. Et j’arrivais en septembre. » Une idylle un brin torturée donc, dans laquelle Dutronc ne parvient pas à diluer sa liberté. Hardy, de son côté, souffre et endure. Le documentaire nous raconte en détail l’histoire de ce couple, notamment quand il devient établi, les années aidant, que chacun pourra vivre ses aventures de son côté, de manière plus équilibrée. Au final, les deux inséparables continuent à vivre dans le même immeuble, du moins quand Dutronc ne se retire pas dans sa Corse aimée.

Au-delà des péripéties de ce couple atypique, ce numéro d’Un jour/Un destin, comme toujours très nerveusement construit autour d’innombrables témoignages, nous emmène sur les traces de deux figures majeures de la chanson française. Le succès de Françoise Hardy, qui deviendra une véritable icône yéyé, nous rappelle à ce titre la complexité d’une période où une chanteuse sensible et pertinente, largement moins cucul-la-praline que ses contemporaines, a pu s’imposer avec autorité. De son côté, Dutronc, guitariste à la base, profite d’une drôle de rivalité au sein du label Vogue pour grimper l’échelle de la célébrité. Et on se met à s’interroger sur l’état actuel de la chanson française, qui peine à retrouver des figures aussi marquantes.

  • Magazine présenté par Laurent Delahousse.
  • Ce mercredi 13 novembre à 22h30 sur France 2.

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