Critique | Musique

Mavis Staples, gospel à l’essentiel

Mavis Staples © DR
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

SOUL | Après le succès de You Are Not Alone, l’immense Mavis Staples renouvelle son association avec Jeff Tweedy (Wilco). Joie!

Mavis Staples, gospel à l'essentiel

Il y a quelque chose de profondément réconfortant dans la voix de Mavis Staples. Il pourrait arriver le pire, vous savez qu’il y aura toujours ce grain éraillé pour venir vous apaiser. Un mélange de force et de douleur, de sagesse et de passion, à l’instar de toutes les grandes voix de la black music, de Bessie Smith à Nina Simone. C’est ce que l’on se dit à nouveau à l’écoute de One True Vine.

A 74 ans, Mavis Staples n’a plus grand-chose à prouver. Fille du révérend Pop Staples, elle a démarré sa carrière dans les années 50 au sein de la formation gospel familiale. Elle a marché à côté de Martin Luther King, ami proche du paternel, pendant la lutte des droits civiques. Signés sur le label Stax fin des années 60, les Staples furent également l’une des figures principales du festival Wattstax, organisé pour commémorer les émeutes de 1965. Les années 80 seront plus effacées jusqu’à ce que Prince ne remette Mavis Staples à l’honneur, en produisant l’excellent Time Waits For No One, en 1989. Suit une nouvelle parenthèse avant que le label Anti (Tom Waits, Wilco…) ne relance une nouvelle fois la grande dame.

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Il y a trois ans, Mavis Staples sortait ainsi You Are Not Alone, album soul-gospel en apesanteur récompensé par un Grammy. Le disque était produit par Jeff Tweedy. Le leader du groupe americana Wilco reprend à nouveau du service sur One True Vine. L’idée n’a pas changé: offrir à Staples l’écrin idéal pour ses suppliques gospel. Tweedy s’y consacre en retirant le superflu, s’en tenant à un accompagnement minimum. C’est surtout le cas en début d’album, par exemple avec l’ouverture aussi sombre qu’émouvante de Holy Ghost, reprise à Low. Every Step est plus menaçant, avec sa ligne de guitare lancinante et le rythme des bruits de chaînes. Mavis Staples n’est jamais une hurleuse. Sur Jesus Wept, elle se contente de poser sa voix éraflée pour remuer le palpitant. Derrière, Tweedy et ses camarades assurent l’intendance, à coup de slide guitar (Sow Good Seeds), claviers, et autres basses country, électrisant au passage des morceaux comme I Like The Things About Me. A nouveau, l’association entre Mavis Staples et Tweedy sonne comme la plus évidente et naturelle qui soit.

L’album est court (35 minutes), et sans réelle surprise (une reprise étonnante de Funkadelic tout de même, Can You Get To That). Mais il ne faudrait pas se tromper: chaque note qui compose One True Vine reste essentielle, parfaitement à sa place. Un vrai bonheur.

MAVIS STAPLES, ONE TRUE VINE, DISTRIBUÉ PAR ANTI/PIAS.

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