Projet Fatescapes: des photos historiques vidées de leurs symboles

Stagiaire Le Vif

Une photographie de paysage désolé, cela n’a pas de grande force narrative. Sauf lorsqu’il s’agit des clichés emblématiques retouchés par Pavel Maria Smejkal, photographe tchèque, tels Raising a Flag Over de Reichstag de Yevgeny Khaldei ou Napalm Girl, pris par Phan Thi Kim Phuc. Et pour cause: ils ont tellement circulé, ont tellement été exposés et discutés, qu’ils sont devenus iconiques. A l’inverse de milliers d’autres photos oubliées aussitôt diffusées, ils sont progressivement entrés dans notre réservoir d’images commun, chacun étiqueté du nom, de la date, et de la signification correspondants.

C’est précisément ce dernier point que Smejkal veut questionner à travers son projet Fatescapes. Malgré l’absence de ses éléments constitutifs, la photo-emblème évoque toujours la même scène et suscite les mêmes émotions. L’impact d’une photographie dépend-il alors vraiment de la composition de celle-ci? Ou résulte-t-il systématiquement d’un construit, d’un usage répété et, parfois, dirigé jusqu’à devenir outil de légitimation idéologique? A travers cette galerie fantôme, le photographe veut en définitive interroger le rôle et les limites du document visuel érigé en témoignage historique.

Tous les clichés de Fatescapes sont disponibles sur le site de Pavel Maria Smejkal.

C.G. (stg.)

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